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Ricco92
225 abonnés
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3,5
Publiée le 17 mars 2018
Cinq avant son premier véritable long métrage, L’Atlantide, Jacques Feyder signe Le Pied qui étreint, un serial parodiant essentiellement Les Mystères de New York (l’organisation La Main qui étreint devient ici Le Pied qui étreint et l’Homme au mouchoir rouge se métamorphose en Homme au foulard vert, Le Rayon qui tue donne Le Rayon noir...) mais également les policiers type Fantômas ou Les Vampires. En effet, à travers cette série d’épisodes fantaisistes (après le premier épisode, on passe directement au 1977ème !!!), Jacques Feyder se moque totalement de la crédibilité des actions qu’il montrespoiler: (les hommes cachés juste à côté d’Hélène sans qu’elle ne voit quoi que ce soit dans le Rayon noir ; les technologies ne sont pas un quart de seconde crédibles ; les policiers obéissent sans hésiter à un enfant de 8 ans ; quand Justin Crécelle attrape l’Homme au foulard vert au début du dernier épisode, il lui enlève un nombre incroyable de cagoules et de foulards sans jamais pouvoir voir son visage, caricaturant ainsi à l’extrême une séquence des Mystères de New York…) . Malgré certains aspects pouvant être vu d’un autre œil de nos jours (le fait que, dans Le Rayon noir, le visage d’Hélène devienne noir et la représentation extrêmement caricaturale des personnages chinois dans La Mort du ressuscité ou La Girouette du Temple chinois pourraient être jugés aujourd’hui comme du racisme même si cela correspond plus à une sorte de vision folklorique bourrée de clichés volontaires qu’à du réel racisme), Le Pied qui étreint dégage véritablement une bonne humeur qui se libère totalement à la finspoiler: avec l’apparition de personnages mythiques de cette époque (l’Homme au foulard vert se révèle être Charlot et son mariage se fait en compagnie d’un sosie de Max Linder et des héros des films de Louis Feuillade que sont Irma Vep, Mazamette, Juve et Philippe Guérande) et en parodiant la Cène de Léonard de Vinci pour le repas de noces . De plus, il se permet même un effet cinématographique sympathique en faisant apparaître directement sur les images filmées des écritures pour montrer les paroles qui sortent du vocaphone sans fil. Une parodie sympathique qui est, en outre, facilement regardable par un spectateur non-cinéphile du XXIème siècle grâce à son découpage en épisode.
Parodie loufoque du feuilleton (ou du « serial » américain) des années 10. Dans ses meilleurs moments, le film apparaît précurseur de ce que fera dans le même genre le duo Pierre Dac-Francis Blanche. Il y a des moments qui font toujours rire, d’autres plus besogneux et vieillis, l’ensemble est un peu long. Il est intéressant de voir qu’à ses débuts le cinéma s’essayait déjà à la parodie et l’autocitation, que certains personnages étaient déjà des types universels, et que le premier d’entre tous était déjà Charlot. Surtout intéressant avec l’œil de l’historien du cinéma.