[Scénario : 3/5]
Comme toujours, Neill Blomkamp nous vient avec de belles idées à adapter au cinéma dans le genre SF qui semble l’inspirer particulièrement. Avec « Chappie » il nous propose sa relecture du mythe de l’androïde doté d’une conscience, un thème cher à la SF, comme en témoignent les excellents « Blade Runner » chez Scott ou « A.I. » chez Spielberg par exemple. Le scénario n’est pas fondamentalement original (le concept d’une force de police dotée d’une intelligence artificielle semblera très familier aux fans de Robocop notamment) et c’est ce qu’on pourrait reprocher à « Chappie », néanmoins Blomkamp possède une patte de réal très singulière qui lui permet de faire du neuf avec de l’ancien: en témoigne « District 9 », le film qui l’a fait connaître du grand public et qui pour certains constitue un détournement original du classique « Independance Day ».
[Mise en scène : 2/5]
Malgré toutes les bonnes intentions et la volonté du réalisateur, « Chappie » peine à trouver son rythme et c’est d’autant plus frustrant que cette mise en scène approximative et peu engageante semble être devenue une marque de fabrique chez Blomkamp.
Le film comporte quelques aspects intéressants comme cette approche simili-documentaire qui fonctionnait déjà bien sur « District 9 » et donne un côté très réaliste à l’intrigue (qui voltige pourtant au-delà des frontières de la SF) néanmoins on peine à être emballé par l’histoire en elle-même. La faute à quoi ? Difficile à dire. Selon moi le film passe au début très vite sur la contextualisation et l’arrivée de ces nouveaux robots flics dans les rues de Johannesburg (alors qu’il y avait sans doute de quoi générer un peu plus d’enjeu) puis s’attarde longuement sur des aspects moins intéressants du quotidien de ses personnages avant de relever (un peu) le niveau lors de la scène finale qui restera malgré tout en suspens. En bref le tout reste assez inégal.
[Acteurs : 3/5]
Bon certes je critique beaucoup Blomkamp, mais si je le fais c’est aussi parce que je sens qu’il a du potentiel (et pas qu’un peu), il y a d’ailleurs plusieurs aspects récurrents dans ses films que j’aime bien. L’un d’eux, c’est le soin qu’il accorde à la création de ses personnages souvent loufoques, improbables mais toujours attachants. Dans « Chappie » le réalisateur sud-africain fait un choix intéressant en s’offrant en guest-stars le duo de chanteurs de « Die Antwoord » qui apportent justement ce côté complètement décérébré/ improbable mais touchant. Leur style guerilleros neo-punk ayant un côté très badass et en même temps très kitsch avec ces armes aux couleurs fluos qui nous font penser à des jouets. De l’autre côté, dans le casting « régulier », on retrouve Dev Patel, ni bon ni mauvais, dans le rôle du geek/ jeune prodige à l’origine des robots-flics et qui suscite à la fois l’admiration et la jalousie parmi ses collègues , un notamment : le personnage joué par Hugh Jackman, ancien soldat, expert en armement, qui a lui aussi conçu son prototype de cyber-flic (un modèle qui fait d’ailleurs clairement penser à l’ED-209 de Robocop) mais dont personne n’aura jamais voulu. Ce personnage joué par Jackman reste tout de même assez anecdotique, son rôle de pseudo-vilain n’étant pas des plus convaincants. Enfin, c’est Sigourney Weaver que l’on retrouve à la tête de la compagnie de robots dans laquelle sont embauchés les 2 personnages précédents. A propos d’elle, rien de particulier à ajouter si ce n’est qu’elle ne transcende pas son rôle qui reste, en même temps, assez superflu dans l’histoire.
[Photographie : 3/5]
Comme je le disais plus haut, l’élément intéressant de « Chappie » c’est que Blomkamp filme à la manière d’un documentaire avec une image pas toujours très nette mais qui copie le format de notre téléviseur. Le résultat obtenu est que malgré le fait que le contenu du film soit clairement de la SF on se retrouve à regarder des images qui paraissent tout de même très réalistes.
[Bande Originale : 3/5]
Alors oui, les plus attentifs d’entre vous le remarqueront peut-être, la B.O de « Chappie » porte cette marque de fabrique reconnaissable d’entre mille… et bingo puisqu’il s’agit d’une nouvelle création de Mr Hans Zimmer, grand ponte de la composition de musique pour le cinéma Hollywoodien. Ceci dit, sa musique passe ici relativement au second plan au profit des « Die Antwoord » qui tiennent la tête d’affiche et dominent aussi la Bande Originale avec leurs 8 titres crédités au générique. Je ne suis personnellement pas un grand fan de ce groupe rap-rave/ expérimental, mais je trouve ça plutôt bien que Blomkamp, lui-même Sud-Africain, cherche à promouvoir les groupes locaux dans ses films donc au final pourquoi pas.
[TOTAL : 2,8/5]
C’est un grand problème de Blomkamp et une grande frustration que j’éprouve devant chacun de ses films en voyant à quel point ce réalisateur est doué pour effleurer des concepts hautement intéressants mais une fois que c’est fait, plutôt que de creuser pour aller plus loin, il se contente de les aborder superficiellement. « Chappie » ne fait bien sûr (malheureusement) pas exception à la règle et malgré son pitch intriguant il s’offre une mise en scène et une écriture relativement plates sans grandes surprises et sans vrai saveur. Deux points positifs que je retrouve systématiquement dans les films de Blomkamp sont sa capacité à composer un récit décalé et original (parfois en l’adaptant de ce qui a déjà été fait) et à mettre le tout en images : dans « Chappie » je trouve les éléments visuels du film très réussi, les costumes et apparences des criminels notamment mais pour ce qui est de l’exploration psychologique de ses personnages ou encore la profondeur/ complexité de la trame principale, il faudra repasser. Pour vous donner une idée en termes de qualité, « Chappie » se trouve quelque part entre « Elysium » et « District 9 » donc on pourrait le situer « dans la moyenne » de ce que fait Blomkamp, mais je n’ai personnellement accroché sur aucun de ses films et me résigne donc à considérer « Chappie » comme un Nième projet approximatif et inachevé.