Jamais deux sans trois pour le jeune et talentueux Neill Blomkamp. Après avoir brillé en 2009 avec District 9 et un poil déçu avec Elysium en 2013 (malgré les nombreuses qualités du film) ; Blomkamp explore une nouvelle fois son domaine de prédilection : la SF robotique dans un futur (très) proche.
Chappie commence dans un futur proche à Johannesburg en Afrique du Sud (j'ai déjà entendu ça quelque part) où l'homme, dans un soucis de sécurité, commence à faire confiance aux machines et aux Intelligence Artificielles (A.I). Cette histoire, c'est aussi l'histoire d'une entreprise qui fait son business sur la vente de produit robotiques destinés à protéger l'homme contre les trafiquants et autres délinquants. Entreprise où l'on retrouve la ravissante Sigourney Weaver (saga Alien) et la lutte de projet entre les employés Hugh Jackman (saga X-Men) et le jeune Dev Patel (série Skins et The Newsroom). J'ai vraiment eu un gros coup de cœur pour ces trois personnages incarnés par des acteurs formidables. Les personnages secondaires sont des artistes au physique atypique qui colle bien au film. Très proche de District 9 côté univers et design, le film propose même des personnages très typés années 80-90 (un petit clin d’œil à univers de Mad Max et autres films cyberpunk ?).
Chappie, c'est surtout un jeune robot qui "nait" dans un monde violent qui ne laisse pas de place à l'enfance. Neill Blomkamp a effectué un énorme travail sur le caractère émotionnel de Chappie en multipliant les séquences chocs, parfois touchants et drôles, voire même carrément émouvantes. Ceci ne fut sans doute pas possible sans la motion capture, véritable prouesse technique que maitrise totalement Blomkamp dans son troisième film. Et comment ne pas oublier le rôle central incarné par Sharlto Copley, dirigé pour la troisième fois par Blomkamp (après District 9 et Elysium). Il endosse le rôle de Chappie, enfant robot malgré lui qui se rend compte petit à petit de la violence humaine sous toutes ses formes.
C'est justement tout le travail mené par les personnages secondaires "gentils" qui vont guider pas à pas Chappie vers le bon chemin. L'univers de la robotique vue à travers les yeux d'en enfant (robot) a déjà été explorée dans le film de Steven Spielberg A.I. Intelligence Artificielle. Chappie semble être une réponse aux thématiques explorées par Spielberg, dans un nouvel univers plus violent et plus actuel que le cadre un tantinet idyllique proposé par le film de Spielberg. Mais Chappie, c'est avant tout un énorme travail de réflexion sur notre mode de consommation et notre société. Neill Blomkamp, comme à son habitude, travaille vraiment les messages qu'il veut transmettre avec son film. Ainsi, on voit surtout les personnages se remettre en question continuellement, qu'est-ce que le bien, qu'est-ce que le mal ? Comment éduquer nos enfants dans un monde violent ?
La BO joue vraiment sur l'émotion et se distingue vraiment des compositions habituelles du célèbre compositeur allemand. Hans Zimmer ajoute une touche de profondeur à ses compositions pour donner un côté épique et touchant à l'image. Les musiques accompagnant l'éveil de Chappie sont une franche réussite. Un véritable plus par rapport aux récents travaux décevant que nous a rendu le compositeur. Véritable force, la BO est aussi accompagnée par des solides sons et bruitages !
Concernant la réalisation, j'ajouterai qu'elle est soignée et ponctuée de très bon plans, dont certains semblent directement empruntés à District 9. Enfin, on peut également citer le clin d’œil à la saga Appleseed dont le design de Chappie est plus qu'inspiré.
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Les : les thématiques du film vus à travers un scénario intéressant, la réalisation nette, la bande-son (musique et sons), les acteurs impliqués dans leurs rôles
Les - : une fin un peu trop facile (et trop évidente ?
Les détracteurs vous diront que le film ne comporte pas assez d'action, au contraire, je dirai qu'il comporte pile poil ce qu'il faut pour ne pas aller dans le cliché et le déjà-vu. Neill Blomkamp nous montre qu'il maitrise totalement son sujet et l'univers SF qu'il a construit en 3 films. Une véritable claque comme on en voit peu au cinéma ! Il ne me reste plus qu'à lui souhaiter bonne chance pour la suite ! Neill Blomkamp, je te donne rendez-vous avec Alien 5.