Après le fantastique "District 9" et le plus convenu "Elysium", Neil Blomkamp agrémente sa filmographie d’un nouveau film d’anticipation métaphorique de grande qualité. Après l’Apartheid et le système de santé US, le réalisateur sud-africain s’attaque à la filiation et, plus précisément au poids de l’éducation parental dans le destin d’un enfant. Et, une fois encore, l’angle adopté par Blomkamp est des plus inattendues puisqu’il raconte son histoire en se servant d’un robot policier ! Et c’est peu dire qu’il est très difficile de ne pas tomber instantanément sous le charme de ce Chappie (l’indispensable Sharlto Copley à la VO et à la captation de mouvement), quintessence même de l’innocence infantile qui va se construire à travers une éducation mixte
(en gros, le bien représenté par son créateur et le mal représenté par les truands qui le recueille)
. Mais, l’intelligence du film est de ne pas dresser un portrait aussi manichéen pour, au contraire, brouiller les frontières entre le bien et le mal.
Le créateur peut, ainsi, se montrer d’un grand égoïsme alors que les truands (surtout Mummy) vont se prendre d’affection pour lui et faire preuve d’une insoupçonnable empathie.
Le film se situant dans un contexte de grande violence (ayant amené le gouvernement à utiliser des robots et non des humains contre les fauteurs de trouble), le choix de Blomkamp de montrer "l’éducation" de Chappie et ses conséquences est tout sauf innocent et devrait tout particulièrement parler aux parents. Les personnages sont, donc, particulièrement bien écrits et, côté acteurs, Blomkamp parvient, une fois de plus à surprendre en accordant plus de place à de quasi inconnus (Yo-Landi Visser, Jose Pablo Cantillo, Brandon Auret et, plus connu tout de même Dev Patel) qu’aux stars du casting tels une Hugh Jackman (incroyable en méchant con à la coupe mulet) et Sigourney Weaver (cantonnée à un rôle de directrice passive). Quant à la mise en scène, Blomkamp confirme, une fois de plus, qu’il est est des meilleurs filmeurs de scènes d’action actuels. Ils sont peu nombreux les réalisateurs qui parviennent à rendre l’action aussi viscérale et chargée sur un plan émotionnel. Il faut dire que, outre sa caméra et sa table de montage, Blomkamp sait, également utiliser la BO de façon terriblement pertinente (Hans Zimmer à la baguette !) et peut compter sur des effets spéciaux phénoménaux. Il se réserve, également, des moments plus intimes qui peuvent être incroyablement bouleversants
(voir les trahisons dont ce pauvre Chappie est victime)
. "Chappie" souffre, certes, de quelques défauts, à commencer par quelques baisses de rythme et un traitement un peu trop simpliste du méchant de l’histoire
(comment douter de l’intervention finale du méchant robot moche alors qu’il est cité à plusieurs reprises au cours du film ?).
Mais c’est surtout tout le pan de l’histoire en lien avec
le transfert de conscience (surtout d’un humain à un robot)
qui m’a moins convaincu puisqu’il fait perdre pas mal de crédibilité à l’histoire et, surtout, qu’il conduit à
un happy-end trop convenu
. Ces défauts empêchent "Chappie" d’égaler "District 9" qui reste la pépite du rélaisateur… mais pas de faire mieux que "Elysium" qui était, tout de mme moins réussi et émouvant. Un film à découvrir !