Making Of de luxe d’un film culte, ni plus ni moins. Voilà ce qu’est le Hitchcock se Sasha Gervasi, cinéaste en herbe qui voit là, en cette opportunité de dresser un tableau filmique du maître du suspens, une opportunité de lancer une carrière. Il est incontestable que le réalisateur est très respectueux de ses modèles hollywoodiens, dans le mise en scène, sa manière légère de traiter un sujet lourd, n’oubliant ni humour ni amour. Hitchcock, dans ce sens, n’est sûrement pas le film qui rendra un véritable hommage à au regretté Alfred, mais un simple bon film de divertissement mettant l’accent sur le couple que formait le grand réalisateur et Alma Reville, son fidèle aide de camp. Agréable, certes, mais est-il réellement utile, dans sa forme?
S’il est agréable, ce film, c’est sans doute en grande partie grâce aux interprètes, Anthony Hopkins, mais surtout Helen Mirren. Oui, si le grand acteur britannique, affublé de tout un tas de prothèses faciales, semble faire un excellent Alfred Hitchcock, c’est finalement l’interprétation d’Helen Mirren en Alma Reville qui semble ressortir comme la meilleur de toutes, la preuve en est lors de son formidable coup de gueule envers son mari. Le couple est accompagné par Scarlett Johansson, impeccable comme de juste, et quelques autres têtes d’affiches telles que Jessica Biel, notamment. Le tout pour un casting quatre étoiles que méritait bien la réputation d’Hitchcock.
Comme mentionné plus haut, Sasha Gervasi fait la part belle à la relation mari et épouse qu’entretenait le grand réalisateur avec sa belle. Ce coté là est intéressant, mais qu’en est t-il du reste? La fascination pour le meurtre et les ravissantes petites actrices du maître, la phase de post-production de Psychose, son succès, mais surtout la technique et le film en lui-même sont traité de manière relativement abstraite. Si certains éléments sont traité à la va vite, en survole, d’autres, comme la manière dont Hitchcock tournant son film, sont complètement mises au rencard. Fort dommage, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un biopic, aucun doute là-dessus, mais d’un Making Of.
Oui, l’on aurait aimé plus de la part du Gervasi, qui démontre toutefois un certain savoir-faire. Si le film se regarde très facilement, il n’entreprend pas de dresser un portrait très précis d’Hitchcock, qui aussi bon soit Anthony Hopkins, n’est ici souvent décrit que comme un gros mangeur et buveur, obsédé et bourru, non sans humour, toutefois. Un survol d’un sujet intéressant, pour le moins, pour tout cinéphile qui se respecte. Un survol qui n’est malheureusement pas suffisant, presque pas suffisant, dans le cas qui nous occupe. Plus intimiste, plus technique, plus long, le film aurait été d’un tout autre acabit. 12/20