Il peut être amusant de faire un parallèle entre ce biopic et le très récent My week with Marilyn, qui dans dans sa forme, centrée sur simplement quelques mois de la vie du réalisateur, semble tenter le renouveau d’un genre dénaturé à force d’être trop « utilisé ». Hitchcock ne réussit que très rarement a charmé. Enorme frustration donc vu le potentiel même de son sujet. Il y avait pourtant matière, à la vue de la personnalité du réalisateur, de mettre en scène un film plus ambitieux. Malheureusement, autant dans la mise en scène que dans l’interprétation, tout semble surfait, trop joueur ou pas assez, cabotin ou erroné. Anthony Hopkins, une fois n’est pas coutume, embourbé dans des kilos de prothèses peine à trouver l’interprétation juste qui collerait pleinement à son personnage. Au lieu de ça, il semble cabotiner et dresser en caricature les traits d’un réalisateur à la personnalité complexe et ambivalente. C’est donc Helen Mirren qui tire son épingle du jeu en composant avec justesse une parfaite Alma Reville qu’on s’autorise à voir telle que dépeinte dans le film. Cependant tout n’est pas à jeter. Si on met de côté l’attente que chacun pouvait avoir, il reste d’autres axes à explorer. En effet, le film serait sans doute plus à découvrir comme le récit de vie du couple Hitchcock-Reville et de leur relation si unique dans le marasme hollywoodien, à ce jeu en duo, les meilleures scènes, les comédiens s’en sortent haut la main. On découvre alors la place importante qu’Alma Reville avait dans la part créative de l’œuvre Hitchcockienne. Heureusement puisque l’aspect psychologique du film est d’une maladresse confondante, notamment lors de scènes où le réalisateur se projette aux côtés de Ed Gein (tueur en série, dont le metteur en scène se serait inspiré pour Psychose). On effleure même la notion d’obsession morbide (affirmation prétentieuse du scénario). En plus du fond, la forme même de ces séquences qui détonnent avec le ton général, cassent un rythme plutôt équilibré. Hormis le fait que l’on passe très vite sur les scènes de tournage les plus importantes et intéressantes de Psychose (scène de la douche par exemple, expédiée en à peine 5 minutes), les raccourcis que prend le réalisateur semblent d’une facilité déroutante. Dans Hitchcock tout ne serait donc qu’une question de regard et d’attention, ne pas en attendre de trop et se laisser porter par les seuls élans positifs du film, mouvements comiques plus que dramatiques qui essayent tant bien que mal de dépeindre une personnalité dans un portrait proche de l’hagiographie, et divertissant, ou tente du moins une telle approche. Au final un film plus porté sur l’espièglerie que sur la vérité.