Je fais le mort, comédie maquillée en polar, d’inspiration Twin Peaks, signée Jean-Paul Salomé bénéficie clairement du charisme de son comédien principal, le belge François Damiens. Jamais réellement poilant, parsemé d’inspirations évasives et par-dessus le marché agrémenté d’un scénario policier d’un traditionalisme scolaire, le film de Salomé manque cruellement de tonus. Malgré tout, Je fais le mort n’est pas désagréable, en raison notamment de la piquante relation entre un comédien au chômage, bourré d’orgueil mal placé et d’une juge d’instruction non moins centrée sur sa petite personne. Ce n’est pas franchement du feel-good movie mais gageons que la collaboration entre François Damiens et Géraldine Nakache fût une très belle réussite sur le plan personnel pour deux comédiens relativement doués qui peinent à réellement percer dans le milieu.
Un autre mérite du film de Jean-Paul Salomé, sa raisonnable prétention de ne pas forcer la main d’un public maintenant rompu au cinéma commercial. Les intentions du metteur en scène et de son équipe sont claires. Qui m’aime me suive. Que les autres passent doucement leurs chemins. Le film s’adresse donc à ceux qui s’y intéressent, sans publicité, sans plébiscite des chaînes publiques. Le film sort de la manche d’un metteur en scène qui sait se faire discret et surtout conscient des moyens mis à sa disposition. On ne peut dès lors vraiment l’accuser de minimalisme, même si le film transparaît la simplicité. Amusons-nous plutôt des quelques bonnes réparties offertes pour l’occasion et ne crachons pas impunément sur un film léger, certes peu engageant, mais qui permet de passer quelques instants légers un beau soir de semaine. De ce côté-là, le contrat est rempli.
Comme mentionné haut, en dépit d’une année 2013 passablement chargée, le comédien belge, François Damiens, à posteriori meilleur guignol de caméras cachées sur le câble belge, rempli parfaitement son cahier des charges. Capable de faire rire comme d’émouvoir, l’acteur trouve ici le juste ton pour offrir une interprétation quelques crans au-dessus de celles de ses comparses, pour l’occasion. Son personnage est le centre incontestable du récit, et l’on regrette dès lors la phase polar du film, peu signifiante en regard du potentiel comique du personnage, clairement sous-exploité. Enfin, inscrit dans un film qui se veut le pendant d’un vrai film policier, le rôle du comédien médiocre et pointilleux n’est en somme que noyé dans la masse et ne permet pas à de vraies situations comiques d’exploser.
En somme un film allégrement dispensable mais qui pourrait pourtant convenir, sans perte de temps, à notre quotidien, faute de mieux. Encore une fois, tout le mérite revient à François Damiens, excellent acteur ici en phase comique et tragique. La station alpine de Megève, en pleine période creuse, constitue par ailleurs un cadre tout-à-fait original pour ce type de production, tournée très loin des grandes avenues parisiennes. 09/20