Jean Renault (François Damiens) fut, il y a des lunes, récompensé par le César du Meilleur Espoir masculin dans un film "intello". Sa méticulosité (virant à la première occasion à la maniaquerie) et une nette tendance à se faire détester de tout le monde sur le plateau l'ont peu à peu éloigné du grand écran. Quand l'histoire débute, largement quadra, il est depuis longtemps cantonné aux séries télé et aux rôles de plus en plus petits (son mauvais caractère le faisant même assez souvent couper au montage), aux doublages crapoteux, voire aux pubs (la dernière en date, particulièrement peu reluisante). N'ayant pas les heures nécessaires pour bénéficier de la très avantageuse indemnisation des intermittents, il accepte sans discuter ce que lui propose Pôle-Emploi Spectacle, afin de compléter. Le voilà parti pour un CDD de 3 jours (tous frais payés) à Megève (hors saison - en novembre), où il va "faire le mort", lors de la reconstitution d'un triple homicide (et d'une tentative, ayant laissé une quatrième victime lourdement handicapée).
Le point de départ du récit est astucieux, original, amusant.... et qu'il soit totalement irréaliste n'est pas a priori gênant. Mais Jean-Paul Salomé (scénario et réalisation) lâche prise très vite : mise en scène poussive, dialogues au service minimum, dramaturgie sans imagination, fin (sucrée) lamentable.... Les acteurs font ce qu'ils peuvent, chacun avec sa partie, certains réussissant nettement mieux (Damiens en loser attachant et industrieux, se la jouant "Actor's studio" et Inspecteur Duflair à la fois, Anne Le Ny en gérante d'hôtel intrigante, Lucien Jean-Baptiste en gendarme bienveillant, Jean-Marie Winling en édile ambigu...) que.... surtout Géraldine Nakache, ni crédible, ni charismatique en magistrate. L'argument de ce "Je fais le mort", prometteur sur le papier, aurait pu flirter avec profit du côté de l'univers absurde et créatif d'un Mocky des bonnes années, celui du génialissime et foutraque "La Cité de l'indicible peur". Hélas ici, aucune imagination, aucune folie, pas de dialogues ciselés.... Juste une ébauche de quelque chose qui aurait pu être grandiose, par un faiseur très moyen, il est vrai ("Belphégor", "Arsène Lupin", ou bien pire : "Les Femmes de l'ombre"). Frustrant !