Tout est question d’esprit d’équipe, de retrouvailles entre personnalités, gage de succès pour Justin Lin et le sixième volet d’une franchise désormais incontournable financièrement. Alors que le cinquième opus avait comblé le public qui, face à une telle armada de scène d’action boursoufflée aux sons des moteurs, s’était rué en masse dans les salles, il n’était dès lors plus question de laisser la saga sur la bord de la route mais bien d’y développer une suite, voire même des suites. Justin Lin l’aura compris, l’automobile n’étant plus le moteur unique de la marque déposée F&F, il se devait de réunir à nouveau tout le monde sous la même enseigne, le grand caïd, l’anti-héros blondinet, le flic, les comiques blacks, l’asiatique et toute une ribambelle de jolies pépées suivant les traces de leurs faire-valoir masculins. Alors que la bande à Toretto, comme on pourrait les appeler, sont en cavales, on leur offre l’opportunité de blanchir leurs noms.
Justin Lin aura mit l’accent sur la relation entre les différents protagonistes de la franchise, les principaux, les secondaires, les confrontant à une sorte d’effets miroir. Alors que tout le monde aura compris que pour ce qui est de Fast & Furious, criminelle ne veut pas forcément dire mauvais, Lin décide de confronter la troupe habituelle à une association de malfaiteurs qui est, pour parler franchement, leur équivalent du coté sombre de la force. Vin Diesel est le caïd, confronté à un ennemi qui ne la paraît pas moins, qui plus est à la recherche de l’ex femme de sa vie, laissée pour morte. Dans l’ensemble, l’on adhère relativement aisément à la démarche mais l’esprit d’équipe tant apprécier ne pourra toutefois gommer un nombre incalculable d’imperfections.
Oui, ce sixième volet est en deçà de l’opus numéro cinq en raison d’une notion marketing très simple, en faire toujours plus avec une équipe qui gagne. Il n’y a dès lors plus rien à découvrir que de contempler une nouvelle démonstration de pilotage, que de retrouver les personnages fixes de la franchise. Par ailleurs, dans son élan artistiques ayant laissé toute les soupapes de décompression à la maison, Justin Lin, plein d’ambition, n’aura su donner une réelle impulsion à un scénario franchement maigrichon qui n’est prétexte qu’à retrouver notre fine équipe de pilotes truands. Chacun des personnages aura son heure à lui, le bolide surnaturel Dwayne Johnson étant le seul à prendre un tantinet plus de place que d’ordinaire. Coté casting, l’on redécouvre la découverte de Soderbergh, Gina Carrano, ici sortie de l’emprise d’un film mauvais et complètement raté.
Second gros défaut de F&F 6, ses scène d’action, celles usant à en revendre des effets spéciaux numériques. Dans un élan de surenchère cependant compréhensible, Justin Lin, tout bien lancé qu’il était, aura dépassé quelques limites en ne se contentant plus de cascades automobiles mais bien de faire carrément voler ses personnages. Au sortir d’une scène finale mal agencée qui vire au grand défouloir ou d’une cascade improbable sur un viaduc, le public s’étouffe face à une telle dose de d’improbabilité. L’on comprend l’erreur, certes, mais rien n’empêche que trop d’action tue l’action. Alors qu’avec ce sixième film, qui est par ailleurs un atout commercial majeur du fait qu’il s’agisse d’un divertissement compétitif, Justin Lin tire son chapeau à la franchise, tout le monde attend maintenant la prise en main du septième volet par James Wan, habitués des films d’épouvante mais surtout habitué à faire gagner des gros sous à son producteurs. L’un dans l’autre, tout est compréhensible en terme de marketing. Si l’on ajoute Jason Statham et Kurt Russell… Allez savoir si toute cette nouvelle armada perdurera. 12/20