Nebraska
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227 critiques spectateurs

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anonyme
Un visiteur
3,5
Publiée le 3 avril 2014
Le brave Woody doit sans doute à l’abus d’alcool son état de sénescence avancée. Aussi, quand un prospectus publicitaire lui annonce qu’il a gagné une million de dollars, sa crédulité ne fait qu’un tour : il quitte son Nevada pour rejoindre à pied le Nebraska ou il croit pouvoir toucher le jackpot ! Bien qu’il ne soit pas dupe de la supercherie, son fils David décide de l’accompagner en voiture « juste pour l’aider à vivre son rêve ».
Commence alors un long road-movie à travers le Middle Ouest, avec étape dans sa ville natale et rencontre d’anciens proches. Cette plongée intra-familiale fait naturellement resurgir des souvenirs qui éclairent la vie de Woody et soulignent la cupidité de quelques amis... Le voyage est aussi l’occasion de traverser une Amérique rurale, pauvre et résignée sous le poids de la crise et du chômage. Une double introspection soulignée par des images noir et blanc aussi mélancoliques qu’esthétiques.
Mais en dépit de superbes panoramiques, une fin assez enlevée et un tandem père-fils plutôt touchant, il ne se passe pourtant pas grand-chose d’important au cours de cette aventure. Comme une virée peuplée de personnages fragiles qui tentent de faire de leur mieux dans une Amérique désenchantée. Une gentille comédie douce-amère qui fait un peu « Million dollar papy », comme ils disent au Monde.
Septième Sens
Septième Sens

89 abonnés 762 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 9 avril 2014
Des routes aussi longues que la grisaille du quotidien. Des terres aussi vastes que la morosité de ses habitants. Woody Grant, un vieillard borné, croît avoir empoché un million de dollars à un jeu concours. Pour lui faire plaisir, son fils David lui fait traverser le Mid-Ouest pour lui faire toucher ce (faux) pactole.

Nebraska est-il pour le cinéaste le film de la maturité ? Pas forcément, mais il marque malgré tout une étape dans la carrière de l'américain, né au Nebraska et voulant par cette œuvre retourner à ses origines. Les villes sans saveur qu'il dépeint, la population encroûtée qu'il représente, il la connaît bien pour mieux l'accoucher sur pellicule. Et en filmant en noir et blanc ce récit mélancolique, il créé une pure opposition avec sa précédente création plus légère et colorée, The Descendants.

À cinquante-trois ans, Payne retrouve des thèmes déjà évoqués dans son travail. Un nouveau rapport à la paternité s'installe dans sa filmographie, même s'il est aujourd'hui plus dur et pessimiste. Idem pour cette triste figure de la vieillesse, déjà travaillée avec cet attachant Jack Nicholson dans le très bon Monsieur Schmidt. Étape très difficile de l'existence, le troisième âge est filmé avec pudeur en réussissant à capter quelque chose d'ineffable : les années qui ont passé et qui ont laissé de nombreux regrets s'empiler sans que l'on ne puisse rien faire pour les effacer. Alors tandis que la vie s'écourte et que rien n'arrive, que faire ? S'imaginer être le grand gagnant d'un prix inexistant pour se sentir vivant, une dernière fois.

Avec ce sixième long-métrage et après l'émancipant Sideways, Alexander Payne prouve définitivement qu'il est le réalisateur des grands espaces. C'est par leur intermédiaire que ses personnages, souvent taiseux, peuvent s'ouvrir et sortir d'un quotidien qu'ils jugent souvent trop monotone. Prix de l'interprétation masculine à Cannes, Bruce Dern joue admirablement bien cet homme à la fois triste et naïf. Nous faisant devenir vert de rage par son mutisme et nous rendant profondément ému par sa condition d'être solitaire, son seul regard suffit à remplir le cadre. Finalement, à quoi bon réprimander les anciens alors qu'il est bien trop tard pour les faire changer ? Profitons plutôt du temps qui nous reste, il passe si vite...
Mondocine
Mondocine

77 abonnés 293 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 2 avril 2014
Il n’y a pas besoin de grand chose pour faire du grand cinéma. Alexander Payne le prouve. Une belle histoire pleine de tendresse, de bons comédiens, un soupçon de talent et une grosse pincée de magie. Grave et drolatique à la fois, Nebraska est non seulement un road movie familial bouleversant mais aussi une oeuvre riche et d’une intelligence admirable dans la façon d’appréhender les thématiques universelles qu’elle déploie. Somptueux.
Flore A.
Flore A.

35 abonnés 518 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 6 avril 2014
Nebraska est un road-movie mordant, mélancolique et très drôle par moments qui bénéficie d'un casting exemplaire.
Loïck G.
Loïck G.

351 abonnés 1 691 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 4 avril 2014
En pensant avoir gagné le gros lot, un vieux monsieur s’entête à le toucher en se rendant directement dans la ville miracle. Le début d’une histoire, plus qu’un périple, que le réalisateur nous conte avec maestria, sur un scénario joliment entêté. A l’image de notre héros parfaitement interprété par Bruce Dern. Tout le reste de l’affiche est du même acabit. De l’écriture à l’interprétation, en passant par la mise en scène, il n’y a rien à retirer à ce superbe film, et surtout pas le noir et blanc qui donne la véritable couleur à l’aventure du vieux monsieur. Une excellent comédie avec des airs bougons !
Pour en savoir plus
Jean-philippe N.
Jean-philippe N.

111 abonnés 925 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 15 février 2014
Il semblerait qu'avec l'allongement de l'espérance de vie, les films sur et autour "des vieux" deviennent un genre à part entière. On pourrait même aller jusqu'à imaginer qu'avec le vieillissement de la population occidentale et l'importance disproportionnée donnée "aux jeunes", ce genre ainsi que les comédies "teen-moviesques" et autres blockbusters à base de super-héros tous plus ou moins improbables, deviennent les genres majeurs des prochaines décennies, les générations et classes moyennes intéressants finalement de moins en moins de monde. Sans parler que le pouvoir d'achat et le temps libre, celui qui permet d'aller au cinéma, se trouve en grande partie dans ces deux catégories sociaux-culturelles. Quelques essais de mélange de genre sont parfois tentés, style "Last Vegas" avec les résultats catastrophiquement ridicules que l'on sait. Reste des films aux charmes nostalgiques, poétiques, parfois cyniques, qui tentent de nous parler avec tendresse mais sans concessions ni fards, d'une chose essentielle qui nous touche tous: la vie. Ce fut le cas avec "The bucket list" (2007) de Rob Reiner, "trouble with the curve" (2012) de Clint Easwood, "Quartet" (2013) de Dustin Hoffman, pour ne citer que ceux-là. Alexander Payne semble avoir compris cette tendance, car il n'en est pas à son coup d'essai. Il faut dire qu'avec "Nebraska", il nous livre une œuvre particulièrement aboutie, allant jusqu'à oser le noir & blanc pour renforcer cette impression de vaine vacuité mais pimentée de scènes et de répliques gentiment méchantes et drôles. En ce sens, son film est une franche réussite: la vie n'est qu'une farce dont nous ne sommes que les dindons...
Torrance1980
Torrance1980

20 abonnés 109 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 17 mars 2014
"Nebraska" est une oeuvre qui trouve tout son sens dans le cinéma de Alexander Payne. Il est dans une parfaite continuité, aussi bien par les différents thèmes qu'il aborde, mais aussi par cette perception continuelle d'une Amérique profonde, qui sans cesse cherche à trouver un sens à la vie, un rôle à jouer. C'est ici parfaitement illustré avec le personnage de Dern, qui tente désespérément de s'extirper de son quotidien ennuyeux et monotone et de sa femme. Grâce à une absurde annonce indiquant qu'il est l'heureux gagnant de 1 millions de dollars, il trouve enfin une raison de quitter son train train quotidien. Son fils va faire son apparition, tentant de le raisonner et va finalement accepter de l'accompagner jusqu'au Nebraska, là où se trouve l'endroit où son père doit toucher son millions de dollars. Forcés de s'arrêter en chemin, ils vont s'installer chez de la famille vivant non loin de leur destination; s'en suivent alors pleines de péripéties, et de situations croustillantes. Partant d'un scénario malgré tout banal, Payne arrive à séduire grâce à sa capacité à agrémenter ces scènes de dialogues inspirés et jouissifs, mêlant cela à un humour doux et amer, parsemées également de poésie et d'une touche d'émotion. Certains personnages sont caractérisés par une certaine antipathie à l'égard de Woody , tandis que d'autres se réjouissent de sa nouvelle situation. C'est là tout le dilemme du film, arborant un côté anti-social reniant les motivations et les valeurs d'une Amérique patriotique et solidaire au profit d'un esthétisme grisonnant et solitaire, à l'image de son personnage principal. Contre tout attente, cette supercherie va créer des liens, qui vont puissamment évoluer entre le père et le fils, cela entraînant parfois certaines débâcles cuisantes, mais lorgnant vers un mieux, la renaissance d'une paternité déchue et d'une vie chaotique. Le noir et blanc représente de façon fortuite la personnalité des ces gens, survivants grâce à l'économie locale, le commerce étant complètement dévoré par l'industrie des métropoles naissantes, et ne cessant d'accroître. On regrettera tout de même mollement sa qualité, le jeu de lumières n'étant pas dosé de la bonne manière, offrant un résultat tantôt trop sombre, tantôt trop clair. Dommage aussi, que le metteur en scène enlaidisse par le biais de son image, une photographie adjacent au côté mélancolo-poétique de la fable, accompagné d'une partition tout en retenue de Mark Orton. Le personnage du fils aussi, me parait peut être négligé à certains moments, trop effacé par la finesse du jeu de Dern, qui excelle. Will Forte n'est pas mauvais, mais beaucoup trop ennuyant. Le personnage June Squibb est pour ma part, le plus réussi; chacune de ses apparitions est subjuguée par la brillance de son jeu, et les dialogues sont aussi fins et traches que ceux d'un personnage tarantinesque. Le film inspire une certaine réflexion sur la vieillesse, insufflant une certaine émotion, aussi bien pour la naïveté de ces "vieux", dépassés par un monde évoluant progressivement et les laissant à quai que pour leur titanesque combativité à être toujours aussi bon dans leur humanité, laissant de côté leur santé ravagée par la vieillesse, pour exprimer leur éternelle jeunesse enfuie. L'humour est aussi finalement une partie intimiste dans le métrage, n'étant pas toujours présenté comme calculé, ni volontaire, prenant des airs quelques fois atypiques , mais préférant se mouler et s'effacer à la mesure d'un quotidien aussi formaté que catégorique et laissant libre court à l'improvisation des acteurs, et au naturel dont les scènes regorgent en quantité. Le film démarre de façon quelconque pour en terminer de façon tout autant commune, véhiculant la tendre passion du temps qui passe, confrontant notre ressenti sur un final qui était d'ores et déjà prémédité; qu'elle en est l'utilité? Le fil conducteur de l'histoire, déclenché par cet élément qui n'est finalement qu'un terrible étron, ne formate t'il pas dans les grandes lignes une vie sans réel but, et sans réel sens? "Nebraska" ne répond pas vraiment à la question, mais cette oeuvre insuffle par le biais de son ordinaire contenu, une réelle satire de la mollesse flasque de la vie. Ce film m'a donc convaincu pour sa simplicité (c'est étonnant) et sa fraîcheur, rudement porté par la performances des acteurs. Le long-métrage se permet de s'aérer à plusieurs reprises, ne rendant nullement les espaces désagréables, réunissant un aspect sauvage agréable et une mélodieuse atmosphère immersive à souhait si chère au "road-movie" américain. Un très beau film, à voir!!!
gimliamideselfes
gimliamideselfes

3 151 abonnés 3 978 critiques Suivre son activité

1,5
Publiée le 2 mars 2014
Si comme moi vous avez lu le synopsis avant de voir le film, il y a de quoi avoir très peur. "Rassurez-vous, c'est une comédie", rien que dire ça est effrayant, ça montre bien que les commerciaux qui ont écrit ça on conscience que ça a l'air juste chiant. Mais comme les commerciaux racontent n'importe quoi, bien évidemment que c'est chiant. Je veux dire on se tape 2h d'un road movie à deux à l'heure avec un papy qui n'a plus toute sa tête et son fils qui tente de lui faire plaisir en réalisant son rêve. Que c'est beau.

Bon soyons sérieux trente seconde, je ne suis pas fan de road movie, j'aime bien Thelma et Louise ou bien Une histoire vraie, mais les road movie auteurisant il n'y a rien de pire. Genre un this must be the place, parce que au lieu de faire des rencontres fun, ça doit être un peu mélancolique, spleen, tout ça. Gerbant. et Nebraska c'est exactement ça. C'est inintéressant. Tout est prévisible. Tout est convenu. Autant aller voir un Point limite zéro, au moins il y a un truc qui se passe, ça ne se filme pas en se regardant le nombril.

Parce que c'est exactement ce que fait Payne, il se regarde le nombril. "Oh je vais le faire en noir et blanc et mettre un peu d'humour caustique, comme ça ça fera trop artiste". Qu'il commence déjà par raconter un truc que l'on ait pas déjà vu mille fois. Autant se repasser une histoire vraie. Au moins c'est un bon film.

Le film ne se laisse pas habiter par du vrai, tout est trop écrit, les scènes sont trop courtes, les personnages ne sont pas assez développés pour réellement habiter le film. C'est académique au possible. Alors je peux sauver des trucs, ce qui fait qu'après avoir tenté en vain de dormir (c'est l’avantage du cinéma on peut s'endormir le film continue quand même), j'ai été obligé de le regarder jusqu'au bout, et il y a des trucs à sauver. Je pense à la photographie en noir et blanc, mais si je suis très dubitatif sur son utilité autre que pour faire "genre", c'est assez soigné et pas dégueux, et l’interprétation est correcte, mais vide. Ils font leur boulot, mais si la mise en scène académique également ne fait rien pour sublimer ça et si Payne ne sait pas les diriger on ne peut rien faire de plus.

Bref c'est rien du tout, un petit film tout sauf ambitieux, déjà vu, qui ne s'épargne aucun lieu commun et avec un final d'une bêtise absolue tant on ne peut pas y croire.

Il faut bien le comprendre ça, s'il n'y a pas de vrai, il n'y a pas de beau, pas de beau, poubelle. Si ton film est surécrit, poubelle, on n'y croit plus, tu tues tout ce qui pouvait potentiellement être correct.

Je reste tellement sur ma faim que certains personnages comme les jumeaux qui sont supers louches ne soient pas plus développés, ou bien la vieille dame qui tient le journal, il aurait pu se passer un truc, mais non, perte de temps. Bref rien à voir ici.
Léa H.
Léa H.

34 abonnés 225 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 31 mai 2014
Sur un canevas éculé (le rapprochement d’un père et de son fils durant un voyage improbable), Alexander Payne ne fait pas vraiment des étincelles, mais plutôt le minimum syndical pour maintenir notre intérêt. En particulier grâce à une flopée de second rôle réjouissants (de l’immense Stacy Keach à l’émouvante June Squibb – deux personnages qui sont d’ailleurs bien plus attachants et complexes que le duo mou Dern/Forte), mais aussi grâce à cette description d’une Amérique profonde atone et grégaire, et à un cynisme revigorant dans la description de la famille. Malgré un noir et blanc arty, la mise en scène reste très académique. Tout cela n’est pas désagréable, mais le (petit) charme du film s’évapore vite.
VinzParker
VinzParker

41 abonnés 73 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 13 avril 2015
A la fois drôle et émouvant, ce film est génial. Un road movie qui nous fait voyager du Montana au Nebraska (qui est d'ailleurs la région natale du réalisateur Alexander Payne).
La musique est convaincante.
Ce film arrive à nous faire rire spoiler: (les scènes de certains bars entre le père et le fils Grant,...), malgré une histoire finalement dramatique.
C'est pourquoi ce film contient aussi des scènes émouvantes spoiler: (ex: quand Mr Grant retrouve sa maison de son enfance, ou bien quand un ami d'enfance l'insulte publiquement dans un bar à la fin du film,...).

Très bon scénario par ses dialogues parfaits et par une multitude de péripéties, en dépit d'une histoire assez basique..
Ce voyage permettra au final de resserrer les relations entre un père et un fils, ce qui fait tout le charme de ce film. Ce fils aura une meilleure image de son père. Ce dernier, étant alcoolique, a dû mal à montrer son bon côté en raison de ses défauts évidents dès qu'on le voit. spoiler: Ce bon côté s'observe finalement à la fin du film (ex:il donne la camionnette à son fils), ou même bien avant, concernant la Guerre de Corée..

Je vous rassure, ce film n'est vraiment pas ennuyant, en lien avec un noir et blanc sublime, mais surtout par son incroyable prestation.. D'un côté, on a l'émouvant Bruce Dern, et, d'un autre côté, on a aussi June Squibb, jouant une femme courageuse qui a toujours les mots pour faire rire le spectateur...
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 7 avril 2014
Vieux projet mis entre parenthèses il y a quelques années après Sideways (2005) auquel il ressemblait selon lui un peu trop, Nebraska n’est pas vraiment le film qu’on attendait d’Alexander Payne après le succès de The Descendants (2012), et tant mieux. Road-trip épuré à l’extrême en forme de retour aux sources, Nebraska réussit à faire simple sans pour autant tomber dans le conte pour enfants, porté par un casting peut-être moins prestigieux que son prédécesseur mais impeccable de bout en bout.

Faire entendre la voix des sans-voix, c’était le pari audacieux mais risqué d’Alexander Payne avec ce taiseux Nebraska, tout en silences, quiproquos et sous-entendus. A l’heure où le film social a à peu près disparu des écrans des cinémas américains et assimilés, c’est à cette Amérique profonde en train de doucement se noyer qu’Alexander Payne donne ici la voix, trimbalant ses anti-héros entre Montana et Nebraska pour dresser le tableau d’un pays dans le pays largué par la modernité et son cortège de désastres économiques.

Tout dans Nebraska se met donc au service de cette humilité presque documentaire, où Alexander Payne n’essaie jamais d’instiller du drame pour le drame ou du dialogue pour le dialogue, refusant à tout prix la performance pour la performance pour privilégier une forme de vérité, que celle-ci soit glamour ou pas. Dans cette recherche de la simplicité, le choix du noir et blanc permet habilement de se rapprocher du conte philosophique, déconnectant l’ensemble des contingences du temps et des modes de l’époque.

Nebraska n’est en effet pas à la mode, et ne fait rien pour l’être. En apparence un peu anecdotique au début, le film d’Alexander Payne ne cherche ainsi pas à appâter le spectateur en donnant dans le sensationnalisme du drame familial. Nebraska mûrit au contraire du début à la fin, et laisse progressivement se mettre en place son scénario finalement pas si creux que cela, et sa mécanique psychologique bien plus fine que ce que l’on peut redouter au début.

En opérant ainsi, Nebraska va chercher des émotions que l’on ne croise pas si souvent dans le cinéma des grands studios, et touche d’autant plus qu’il donne à voir des hommes et des femmes de la rue que l’on ne filme quasiment plus dans un cinéma d’aujourd’hui ne mettant plus beaucoup les pieds dans les maisons des masses laborieuses, pas assez photogéniques en dehors des quelques habituels clichés des pauvres sympas restés simples. Il y a dans tout cela une vraie tendresse pour ces oubliés de la grande marche du progrès, mais une tendresse parvenant à éviter le piège de la mièvrerie pour simplement montrer les gens comme ce qu’ils sont et non pas comme ce que l’on voudrait qu’ils soient.

Désamorçant également le mélodrame par de fréquentes tonalités comiques, Nebraska est au final un film qui ne paie pas de mine mais en réalité bien plus intelligent qu’il n’y parait, sachant instiller de la complexité et de l’émotion petites touches par petites touches, pour finalement laisser le spectateur face à un film pas si anecdotique que cela malgré tous ses efforts pour cacher son ambition artistique.

Dans cette belle leçon de cinéma, un grand mérite revient bien sûr aux deux acteurs principaux, et à Alexander Payne ayant eu l’intelligence de se passer de stars pour laisser une chance aux spectateurs de s’approprier ses personnages. Bouleversant par ses silences, Bruce Dern accomplit ici ce qu’on peut appeler une performance d’acteur, donnant magnifiquement corps à un personnage qui rend un peu de leur dignité à des milliers d’hommes incapables de prendre la parole pour se défendre. Il fallait un engagement total pour sombrer avec son Woody Grant dans le naufrage de la vieillesse et Bruce Dern montre ici avec éclats que l’âge n’est pas un obstacle quand la flamme est toujours là.

Plus étonnante peut-être est la performance d’un Will Forte que l’on connaissait jusque-là surtout comme bouffon du roi, et qui réussit ici à mêler dans les bonnes proportions sa fibre comique de loser absolu et une plus grande profondeur de jeu, indispensable pour révéler tous les ressorts psychologiques de cette relation père/fils en apparence complètement bancale. Autre anti-héros à la recherche d’un père qu’il n’a finalement jamais vraiment connu, Will Forte sait ainsi assez s’effacer pour rester dans la tonalité douce-amère du film, mais aussi monter en régime quand il le faut, une grande partie de l’émotion dégagée par le film se nourrissant du regard du fils sur ce père qu’il découvre finalement comme pour la première fois.

Peu de films jouent autant des regards, des silences et des non-dits que sait le faire Nebraska, dont la pudeur vis-à-vis des sentiments de ses personnages est une des clés de sa réussite. spoiler: Pudeur qui irrigue tout le film jusque son dernier plan, aussi sobre qu’efficace.
Preuve que l’économie de moyens contribue parfois autant à l’efficacité que la débauche de sentiments et d’effets spéciaux de toutes sortes. Si l'intuition est là depuis un moment, il est toujours appréciable d'en avoir des preuves tangibles, Nebraska est là pour prouver qu'il y aura toujours une place pour un autre cinéma, voire même plusieurs.
Gerard M
Gerard M

11 abonnés 78 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 5 août 2016
quelle merveille ! il est de ces films dont on penetre dès les premiers plans dans un reve , dans un plaisir simple , une des plus belles choses qu'il y ait au monde pour vous faire oublier celles qui ne le sont pas : le Cinéma . Plus rares sont ceux qui dans votre coeur , dans votre téte , résonnent doucement comme une chanson de Brassens ou un poeme de Prevert : avec cette poesie douce faite de rires et de serrement de coeur . Tout est parfait dans Nebraska . Et cerise sur le cookie : cette merveilleuse description de l' Amerique vraie , celle que Reichenbach disait Insolite . Un des plus simples chefs d'oeuvres de ces dernieres années .
anonyme
Un visiteur
3,5
Publiée le 28 mars 2014
Dernier film en noir et blanc d’Alexander Payne, NEBRASKA a deferlé la chronique grâce à ses nombreuses récompenses et multiples nominations. Rôle principal du film, Bruce Dern a d’ailleurs remporté le Prix d’Interprétation Masculine au Festival de Cannes 2013. Egalement, nommé six fois aux Oscars 2014 (retrouvez le palmarès ici), NEBRASKA est un excellent road movie, à voir.

NEBRASKA c’est le scénario de génie de ce quipropos aux conséquences rocambolesques. En effet, le film retrace l’histoire d’un vieil homme persuadé d’avoir gagné au loto et qui accompagné de son jeune fils, va prendre la route vers la fortune. A la fois tendre et touchant, le scénario réserve son lots de rebondissements incroyables et inattendus. Et, outre l’histoire d’argent, le scénario reprend la trame des relations père – fils, avec intelligence.

NEBRASKA c’est aussi un film à la photographie parfaite, d’ailleurs nommé aux Oscars 2014. Très esthétique en noir et blanc, NEBRASKA est un film beau à regarder. Dynamique et avec beaucoup de rebondissements, on ne s’ennui jamais malgrè quelques scènes peu longues et inutiles (le retour dans la maison d’enfance de Woody, notamment). Mais malgrè une très bonne mise en scène, NEBRASKA ne va jamais plus dans la profondeur des scènes et n’effleurent qu’au final les relations père/fils ou la démence du vieil homme. La fin sans fin du film, vient confirmer une fois de plus le côté un peu superficiel du film.

NEBRASKA réserve un casting bluffant où chaques acteurs effectuent une prestation incroyable. Bruce Dern, multiple récompensé pour son rôle, est vraiment excellent et donne à son personnage un aspect vrai et touchant. Et, pour son premier grand rôle au cinéma, Will Forte offre un jeu incroyable et démontre ses talents d’acteurs. Et, June Squibb en vieille femme taciturne est excellente.

Pour conclure, NEBRASKA est à voir pour la fabuleuse prestation de Bruce Dern, son histoire de quipropos et la mise en scène d’Alexander Payne.
willyzacc
willyzacc

81 abonnés 1 544 critiques Suivre son activité

2,5
Publiée le 3 mars 2014
Un road-movie touchant entre un vieux qui pense avoir gagné au loto et son fils qui s'ennuie dans son job. La photo et la réalisation sont impeccables, mais j'ai eu du mal a voir "l'humour caustique" et l’intérêt d'un scénario qui laisse une impression de déjà vu. Bruce Dern ne m'a pas vraiment marqué dans son rôle, la mère jouée par June Squibb à elle un personnage plus intéressant. Au final un petit film sur la vieillesse et les relations familiales avec une belle photo, et un rythme calme, trop calme. A voir, si vous aimez ça.
stanley
stanley

69 abonnés 758 critiques Suivre son activité

2,5
Publiée le 20 avril 2014
Nebraska déçoit sur bien des plans. La mise en scène, malgré une belle photographie bien aidée par le noir et blanc, est finalement sans grande surprise et mal soutenue par un scénario sans grande surprise. L' ennui gagne deux heures durant. Bruce Dern est bien certes quoique prévisible mais les autres personnages dont son fils ne font que de la figuration, exceptée celui de la journaliste, très émouvante et à chez elle seule émane le vrai cinéma romanesque. Nebraska en soutient pas le moins du monde la comparaison avec le magnifique Une histoire vraie. Le père et le fils traversent les régions dévastées des USA, ruinées par la crise financière. OK, les personnages sont beaux dans leur aridité mais très prévisibles. Le couple ne rencontre que des vieux débris humains tels un défilé de morts vivants, parfois drôles (les deux seuls jeunes sont les deux frères jumeaux qui renvoient aux romans de Kafka). Le film cependant n'est vraiment touchant que lors des dix dernières minutes, lors d'un twist étonnant et émouvant. Que ce film bien moyen allait il faire dans la sélection officielle à Cannes 2013 au détriment de La bataille de Solférino et L'inconnu du lac.
A noter lors de la scène au cimetière, une pierre tombale au nom de Paynes!
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