Woody Grant (Bruce Dern) est un vieil homme usé par le travail, et surtout par l'alcool (son meilleur compagnon depuis l'enfance !). Un jour, il reçoit une de ces lettres que tout le monde a reçues, lui indiquant qu'il est le gagnant d'un million de dollars (en très gros caractères) - sous réserve d'un tirage au sort (en caractères minuscules). Même au fin fond de l'Amérique profonde (Billings - la ville la plus peuplée du Montana, avec un peu plus de 100.000 habitants) on devrait savoir que c'est un piège à gogos (surtout quand ils sont âgés), mais Woody s'entête et entreprend quotidiennement de partir à pied (il n'a plus le droit de conduire) pour un périple de 1.500 bornes - afin d'aller toucher son pactole. Arrêté un jour par une voiture de police, retrouvé un autre par sa femme, ou son fils cadet, David (Will Forte). Ce dernier se résout à embarquer son père pour rallier le Nebraska avec lui (le siège social de la société lui ayant garanti qu'il était millionnaire se trouvant à Lincoln, la capitale de l'état). Après avoir traversé le Dakota du Sud (l'état du Mont Rushmore), père et fils arrivent, pour étape (un w-e durant) à Hawthorne (à 300 kms encore de Lincoln). C'est la ville natale de Woody, qui y a encore famille (un frère marié, et deux neveux) et relations diverses. Kate Grant rejoint ses mari et fils en bus, puis arrive en voiture Ross, l'aîné des Grant (sans femme, ni enfants, "retenus"). La réunion de famille s'étoffe encore avec l'arrivée, en voisins, des 4 autres frères de Woody, certains avec femme et fils. La nouvelle de la bonne fortune de Woody s'est répandue dans la petite bourgade...
Road-movie bien sûr, chronique acide (mais parfois burlesque) de la vie de province (Amérique oubliée - Nord et Midwest agricoles), étude sans pitié de la vie de famille (surtout élargie), mais d'abord un beau portrait en double, père et fils,
avec un magnifique acte de piété filiale, en point d'orgue.
Au positif : la mise en scène sobre d'Alexander Payne. Un regret : le noir et blanc, plus surcharge qu'autre chose. Un étonnement : le Prix cannois du Meilleur acteur pour Bruce Dern - une performance honnête, sans plus, un brin monolithique (Toni Servillo était tellement ébouriffant dans "La Grande Bellezza", et méritait tellement plus d'être distingué - passons, les jurys cannois sont souvent déconcertants dans leurs emballements !). Will Forte, l'autre partie du binôme, David, est nettement plus convaincant d'ailleurs.