Je suis allé voir une séparation pour deux raisons, continuer à voir des oeuvres iraniennes qui m'ont parfois très agréablement surprises, et puis l'ours d'or de Berlin étant un argument suffisant en soit, ceci même si le sujet et la bande annonce ne me disaient absolument rien.
Alors c'est un film en somme assez classique, on est loin des expérimentations de Kiarostami ou bien de Jafar Panahi, mais c'est pas forcément un mal, ça permet au film d'être plus accessible et universel. La principale qualité du film est l'interprétation, je ne reviendrai pas dessus, même si j'avoue ne pas avoir été touché outre mesure par les personnages ou leur interprétation, sans doute parce que la mise en scène n'est pas là pour tomber dans le mélodrame basique.
Après l'autre qualité du film, et aussi sont plus grand défaut, le scénario. C'est un film très très écrit, alors c'est maîtrisé, je ne vais pas m'étendre là dessus, mais un tel degré de maîtrise, nuit un peu aux personnages, et à l'excellente interprétation des acteurs, ils sont prisonnier de ce scénario, qui somme toute est très prévisible, après c'est pas un défaut, je pense à la fin qui est à la fois ultra prévisible, mais aussi assez belle, et la seule possibilité satisfaisante, mais ce n'est que la finalité d'un film très calibré, trop maîtrisé sur ce point de vu. On perd en fait le réel de vu. Je pense à la scène où la fille fait les devoirs à son père, lui pose une question (que je ne révèle pas pour ne pas spoiler), mais je n'y crois pas, ça colle dans le film, dans l'histoire, mais c'est pas réel, dans la vie on a pas des scènes comme ça.
Le problème c'est qu'on comprend bien vite que chaque élément, chaque phrase aura des répercutions plus tard et le film n'arrive pas à sortir de cette spirale. J'ai l'impression de voir un super exercice de maîtrise, mais étouffant.
Je repense aux frères Dardenne qui eux vont parvenir sans y paraître avec des scènes écrites à instaurer de l'imprévisible, et filmer alors l'âme de leurs personnages.
Aussi belle que soit Leila Hatami, je n'ai jamais vu son âme, tout comme je n'ai pas vu l'âme de cette gamine tourmentée par le divorce possible de ses parents.
Après vu le côté très écrit on a les qualités de ce genre de film, voir ce couple se déchirer alors qu'ils auraient tout pour rester ensemble, c'est pas déplaisant. Mais encore une fois, ça manque de naturel peut-être.
Donc bon, c'est assez décevant au final de tomber dans de tels travers, alors qu'il y a une telle volonté de bien faire qui se sent. Je verrai d'autres films du réalisateur, mais je reste sur ma faim, surtout que c'est un peu long.
Après j'aime les films de procès, les personnages de mauvaise foi s'affrontant, dans une absence totale de manichéisme donc j'ai pas détesté, mais ça manque vraiment d'émotion (on peut le faire sans tomber dans un mauvais mélo).