Paula Markovitch signe avec El Premio son premier long métrage. Elle a notamment été scénariste du film Lake Tahoe, réalisé par le Mexicain Fernando Eimbcke en 2008, qui s'intéresse également à l'histoire d'un orphelin, bien que les deux enfants réagissent de manière totalement différente aux situations qu'ils rencontrent.
El Premio est avant tout le récit autobiographique de sa réalisatrice Paula Markovitch, qui a fui Buenos Aires à 8 ans avec sa famille pendant la dictature militaire en Argentine, pour s'installer dans le petit village de San Clemente, le lieu-même où est tourné le film. Elle raconte : "J'ai passé toute mon enfance dans ma petite ville de San Clemente. J'ai fréquenté l'école qui est celle de Cecilia dans le film et ma maison ressemblait à la sienne, face à la mer. (...) C'était vraiment ce décor qu'il me fallait pour ce film, je ne pouvais pas le tourner ailleurs."
Paula Markovitch n'avait pas pour ambition de réaliser un film historiquement crédible, mais préférait se focaliser sur le ressenti et la subjectivité de son personnage principal par rapport aux événements dont elle était témoin : "C'est un point de vue qui n'appartient pas à la réalité effective, mais qui fonctionne sur la contradiction, mon héroïne n'ayant pas la maturité pour comprendre réellement la situation", explique la réalisatrice, en poursuivant : "Je ne pense pas que mon film soit un film réaliste (...) d'un point de vue historique, étant donné que je me suis appuyé sur mes propres souvenirs et ma propre réalité."
Paula Galinelli Hertzog n'a été choisie pour incarner Cecilia que très peu de temps avant le début du tournage, après de nombreux castings désespérément infructueux pour Paula Markovitch. La réalisatrice se souvient de sa rencontre avec la petite fille comme d'un miracle : "Il émanait d'elle une puissance, une profondeur, une violence intérieure qui m'ont saisie et ont immédiatement illuminé le personnage, lui ont apporté une nouvelle dimension."
El Premio a parfois été mal reçu par les Argentins, car il remettait dans la mémoire des habitants une sombre période de l'histoire du pays : "Il m'a souvent été reproché par les Argentins de revenir sur cette époque, beaucoup se sentent en fait encore coupable d'avoir toléré et parfois nourri cette dictature militaire, ils ont beaucoup de mal à assumer cette réalité", explique la réalisatrice.
Le compositeur Sergio Gurrola a travaillé sur la bande originale d'El premio en même temps que le scénario était écrit par Paula Markovitch. La musique a donc été omniprésente pendant le tournage du film, agissant comme un puissant révélateur des émotions des personnages qui ne pouvaient toujours s'exprimer. La nature a également joué ce rôle dans le film, avec la présence très forte de la tempête et de la mer déchaînée symbolisant la brutalité du monde et l'impuissance de la petite fille.