Trois ans après le premier opus, ces chers retraités qui avaient bastonné de pauvres jeunots en costard et cravate, brisé le cou de tueurs à gages farouches, réalisé des cascades de malade (Bruce Willis sortant calmement d’une voiture en plein dérapage), dégoupillé tout un tas de grenades et vidé tous les magasins de leurs armes (allant du petit flingue jusqu’à la mitrailleuse d’élite) sont de retour ! Et d’après la bande-annonce, cette suite s’avère être aussi délirante et mouvementée que pour le film précédent. Mais tout personnage, comme acteur, a le droit à une véritable retraite, les os commençant sérieusement à rouiller. Est-ce vraiment le cas de nos Retraités Extrêmement Dangereux ?
Et ce qu’on peut déjà dire sur RED 2 dès le commencement, c’est que le film n’oublie pas d’où il provient (de quel support il est l’adaptation) contrairement à certains films récents (j’ai dit Kick-Ass 2 ?). À savoir d’une mini-série de comics. Souhaitons donc la bienvenue à une introduction faite d’images dessinées hautes en couleurs et montées comme dans une bande dessinée. Même chose pour le générique de fin. Et sans oublier les transitions d’un lieu à un autre (ah oui, pour nous faire voyager, RED 2 nous offre un ticket pour les Etats-Unis, Londres, Hong-Kong, Paris et Moscou !) qui se font sous la forme d’une transposition d’un personnage à sa version dessinée. Un détail, certes, qui importe peu quand on attend d’un film qu’il divertisse et rien d’autres. Mais au moins, cela montre à quel point le réalisateur et son équipe connaisse ce qu’ils ont entre leurs mains.
Ensuite, venons-en au fait : si l’on regarde RED 2, c’est bien parce qu’on a aimé le premier film. Et si on a apprécié ce dernier, ce n’est vraiment pas pour l’histoire. Rien que pour cette suite, nous retrouvons nos papys dans une affaire impliquant une bombe cachée depuis la Guerre Froide. Guère (jeu de mot involontaire) passionnant… Non, si l’on s’intéresse à ce film, c’est pour le concept qu’il reprend : voir une distribution impressionnante de semi-retraités dans une comédie d’action qui fait mouche. Et sur le point du casting, RED 2 fonctionne aussi bien que son prédécesseur : tous les comédiens s’amusent comme des fous ! Un réel plaisir que de les voir s’éclater comme il se doit pour interpréter des protagonistes atypiques. Nous allons même jusqu’à retrouver ce cher Bruce Willis qui s’était perdu en chemin, abonné depuis quelques temps au film sans saveur et exprimant sa présence que par l’intérêt de toucher son cachet. Là, il est de retour ! Quel bonheur de retrouver aussi John Malkovich (toujours aussi débile), Mary-Louise Parker (pétillante à souhait), Helen Mirren (qui conserve sa classe) et en apparition Brian Cox ! Sans oublier les nouveaux que sont Catherine Zeta-Jones (pin-up née), Anthony Hopkins (délirant), David Thewlis (que l’on n’avait pas vu depuis Harry Potter) et Neal McDonough (avec son regard bleu clair qui frise le sadisme). Bon, il y a bien Lee-Byung-Hun qui se montre assez inexpressif. Mais ce qu’on attend de lui, c’est qu’il nous rejoue les Storm Shadow de G.I. Joe, ce qu’il fait d’ailleurs en bastonnant à tout-va !
RED 2 ne perd pas également ce qui faisait le charme du premier film. Le fait de voir tout ce beau monde effectuer des cascades démentielles à l’invraisemblance évidente (l’arrivée de Zeta-Jones en Porsche, par exemple) mais qui reste dans l’esprit de l’ensemble. Le fait de rire devant des séquences improbables qui marchent à coup sûr ; avec des répliques inattendues. D’un comique qui use à merveille du sujet de la retraite avec des personnages pourtant avides de sensations fortes. Mais qui mêle aussi la vie conjugale à l’expérience sur le terrain (via la fiancée de Frank Moses, en quête d’adrénaline pour éclipser une existence banale). On se marre et ça bouge comme il faut. Que demander de plus ?
Un regret à émettre, cependant. Le fait que le film soit une suite. Dû au succès du premier, impliquant donc la réalisation d’un second opus au budget plus conséquent. Alors que RED ne s’inquiétait pas de son manque de moyen (58 millions, ce qui est « peu » pour ce genre de film à l’heure actuelle), sa suite veux nous montrer à quel point l’équipe du film a pu utiliser tout cet argent. Nous avons droit à plus d’action que dans le film précedent, avec son lot de courses-poursuites effrénées, d’explosions en tout genre et d’effets spéciaux (pas superbes soit dit en passant) pour se permettre quelques folies. Mais du coup, à trop vouloir en mettre plein les yeux, RED 2 perd petit à petit son humour, préférant laisser la place à un final énergique. Ça divertit grandement, mais il aurait été préférable de se marrer autant que dans le premier opus. D’avoir un film qui se préoccupe bien plus de son côté comédie que petit blockbuster d’action. De retrouver un Marvin (John Malkovich) aussi parano si ce n’est plus (même si sa débilité suffit amplement).
Cela n’enlève le statut de sympathie que possédait RED premier du nom. Celui de comédie d’action sans prétention qui fait passer le temps agréablement. Le 2 y réussit également, avec juste plus de moyens. Un critère au final dispensable, tant l’esprit de cette nouvelle saga ne réside pas dans l’action. Mais plutôt dans les têtes d’affiche qui nous sont proposées. Et tant que ces acteurs continueront à s’amuser, n’importe quel épisode RED se suffira à lui-même pour divertir et se montrer bien meilleur que les blockbusters pétaradants sans âme en tout genre.