Il y a trois ans sortait RED (retraités extrêmement dangereux), dirigé par un Robert Schwentke qui avait fait montre d’une réalisation sans personnalité et laissé le spectateur pantois devant une œuvre qui n’embrassait jamais le côté déjanté et décalé qu’elle voulait tant mettre en avant. Et c’est en fin d’été que sort RED 2, sa suite directe, avec Dean Parisot à la réalisation. Arrive-t-il à livrer une œuvre au moins sympathique à regarder ? La réponse dans quelques lignes.
Le gros problème du film, c’est qu’il reproduit à l’identique les défauts de son prédécesseur, et nous aurons l’occasion d’y revenir. Tout comme dans le premier film, l’histoire fait un peu prétexte et l’on a du mal à ressentir le lien entre l’intrigue et les scènes du film. Nos retraités, Marvin (John Malkovich), Frank (Bruce Willis) et sa copine Sarah (Mary-Louise Parker) un spécimen féminin assez insupportable, sont encore une fois menacés par une agence sans pitié : le MI6. Et comme l’agent Bond est en vacances, on leur envoie Neal McDonough, qui sera présent pendant cinq minutes tout au plus. A l’image de RED, ici nos héros ne se sentent jamais en danger et cette notion n’est jamais retranscrite alors que même leur propre pays est contre eux. Cela permet de constater l’absence totale d’attachement envers les personnages et leurs enjeux. Le réalisateur profite de ce danger omniprésent si bien retranscrit pour faire voyager nos héros dans des endroits très originaux : Paris, Londres, Moscou sont autant de lieux inconnus que nous découvrons non sans une certaine lassitude, croissante à mesure que le film avance. Ce roadtrip est donc l’occasion de faire revenir une Helen Mirren plutôt froide dans son interprétation, un Anthony Hopkins dont le rôle fait pitié, un méchant atterrant en la personne de Byung-Hun Lee dont on a gâché le potentiel et une Catherine Zeta-Jones qui n’est là que pour mettre son grain de sable dans l’amourette entre Frank et Sarah…éminemment cliché vous l’aurez compris. John Malkovich demeure alors la seule bonne chose du film, quand ce dernier veut bien lui accorder quelques scènes pour montrer sa progression psychologique intéressante.
Ce qui faisait la faiblesse de RED et qui fait la faiblesse de RED 2, c’est l’absence de personnalité. Le film se cherche et n’assume jamais vraiment son style ni son étiquette, se voyant alors contraint à faire dans le classique éculé sans surprise, en faisant comme si chaque scène n’était qu’un moment décousu de l’intrigue pour évoquer avec monotonie un des aspects qui auraient pu fonder une personnalité, mais qui ne sont pas reliés à un tout de qualité homogène qu’aurait dû être le film. Le réalisateur montre de ce fait un traitement trop inégal et ponctuel pour demeurer intéressant.
Au lieu de se concentrer sur la continuité du récit, il pond quelques scènes travaillées au milieu de scènes ennuyantes, ces dernières bien trop nombreuses pour pouvoir donner un semblant de rythme. Le spectateur n’est jamais ancré dans le film, jamais impressionné, jamais surpris.
Le ton du film n’est pas souvent juste, allant du comique au pseudo-tragique en passant par l’actioner de bas étage. Et comme pour le film précédent le rendu (on ne parle même pas de ressenti du spectateur) reste décevant. Si quelques trouvailles comiques fonctionnent, le reste est beaucoup trop forcé pour qu’on esquisse un sourire. Les scènes d’actions trop rares pour un film de deux heures, sont vite expédiées et ne laissent même pas le temps au spectateur de savourer quelque chose. Leur mise en scène se révèle sans génie et la façon de les filmer ne met pas du tout l’action en valeur. Les musiques sans éclat ni personnalité d’Alan Silvestri n’aidant pas du tout à donner de la force à l’action. RED 2 affiche trop de ressemblance avec RED pour être un bon film. Dean Parisot offre une histoire plate ponctuée de séquences d’action éphémères et monotones, sans jamais s’attacher au développement de ses personnages. Où est passé le plaisir du spectateur dans tout ça ? Il n’est jamais venu, préférant laisser ce dernier débattre pour savoir si le film est aussi mauvais que Transformers 3…heureusement, ça n’est pas le cas…enfin…heureusement…tout est relatif.