Petit bijou scandinave sorti d’on ne sait où, exploitant judicieusement la mythologie du cru, pour divertir dans un élan propre à la mode lancée par The Blair Witch Project, à savoir caméra à l’épaule. Ici, place à un docu-fiction, soit un faux documentaire tourné par des étudiants norvégiens alors qu’ils suivent les traces du mystérieux Hans, se révélant finalement être un chasseur de trolls à la solde d’un cellule gouvernementale ayant pour crédo la tenue secrète de l’existence des créatures. L’on avance dans les pas d’une jeunesse qui découvre que les mythes nationaux sont bien réels, le tout sous couvert d’une systématique de secret d’état. L’on ira même jusqu’à parler de conditions salariales, de primes de nuit et de rapprochement de faits divers et catastrophes naturelles avec l’existence des trolls.
Amusant, donc, le film étant de plus monté habilement, pour peu que les images ne vous donnent pas le tournis. La Norvège, si beau pays, dont j’ai eu la chance de parcourir plus de 3500 km, est illustrée de la plus belle des manières, automnale, montagneuse et sauvage. Bref, les environnements sont exceptionnels, le mythe captivant et le rythme ne nous permet aucun répit. Si l’on pourra reprocher une certaine facilité à Troll Hunter, scénaristique ment parlant, d’un point de vue crédibilité, non pas du fait de l’existence des trolls, mais dans l’enchaînement du récit, l’on est tout de même forcer d’admirer la manière, l’originalité.
Il y a aussi là un certain Otto Jesperson, incarnant Hans le chasseur. Le mec, à fond dans son trip est une vraie révélation. D’abord curieux et effrayant puis amical, solitaire et amusant, l’homme est celui par qui tout arrive et semble-t-il, le seul non concerné par un final étrange. L’acteur est tout bonnement excellent, dans sa gestuelle, son parlé, le film étant considérablement plus attrayant en VOST, ainsi que dans la manière dont il prend au sérieux la situation. Les détails foisonnent, en ce qui concerne son travail, la manière dont il le fait. Hans, donc, de plus en plus rebuté par son travail, se confie aux jeunes étudiants en dépit des avertissements de ses supérieurs, les cachotiers.
Troll Hunter, une excellente remise au goût du jour d’un mythe scandinave vieux comme le monde, qui aura voyagé d’un continent à l’autre, jusque dans la plume de Tolkien, notamment. Les trolls constituent, sous une forme plus amicale, une vraie mine de commerce touristique en Norvège. André øvredal, à la tête du film, aura su mêler l’aspect amical de ces créatures de contes avec une animalité plus primaire, façon les dinosaures de Spielberg. En somme, si les trolls sont montrés comme de monstrueuses créatures, il conserve leurs aspects légendaires de géants patauds et amusants, une réussite. Un vrai petit bonheur qui constitue au passage un agréable Road Trip norvégien. 16/20