Netflix continue de mettre la main au portefeuille pour produire des films dignes (enfin niveau budget) des plus grosses productions d’Hollywood. Après, entre autres, le très nul « 6 Underground » ou le tout juste sympathique « Red Notice », voici donc leur production estivale estampillée « film de l’été » et nantie de 200 M$ de budget : « The gray man ». Vendu comme un gros film d’action au casting de stars et avec des séquences à couper le souffle, il donne effectivement envie d’y jeter un œil. D’abord les frères Russo sont à la barre, ceux qui ont mis en scène l’un des plus gros succès de tous les temps (le diptyque « Avengers, Infinity War » / « Avengers, Endgame ») mais qui nous ont également surpris avec le magnifique « Cherry ». Et, en tête d’affiche, deux gros acteurs hollywoodiens à contre-emploi : Ryan Gosling en héros meurtri qui fait son retour après quatre ans d’absence sur les écrans et Chris Evans en méchant sociopathe auxquels on ajoute la très à la mode Ana de Arnas (valeur ajoutée du dernier James Bond, tiens) ainsi que pas mal de seconds rôles de luxe. Pour quel résultat ?
Et bien un film d’action banal au possible où tout semble déjà avoir été vu mille fois et souvent en mieux. Comment en 2022 peut-on encore donner son accord pour produire un film si cher avec une histoire pareille qui n’aurait même plus sa place dans un direct to video de série B bas de gamme? Jugez plutôt : un tueur de la CIA, des vilains pontes de la même agence qui veulent le faire disparaître, des secrets qui les compromettent, un tueur indépendant sommé d’éliminer le premier, une demoiselle en détresse et l’action girl de service (obligatoire en ces temps de féminisme exacerbé) qui vient donner un coup de main, ... Oui on a bien droit à un scénario qui aligne les clichés, les caricatures et les séquences vues et revues comme on enfile des perles. On sait comment cela va finir et les personnages ne sont que des rouages mécaniques pour faire avancer ce semblant d’intrigue et permettre le plus de scènes d’action possibles qui ententent d’en mettre plein la vue.
Justement, celles-ci, vendues comme inédites et totalement ébouriffantes, sont bien décevantes. Entre celle d’ouverture, drôlement filmée et au tempo étrangement ralenti, celle du tramway bien trop surcotée ou celle de l’hôpital clairement illisible, il n’y a strictement rien de transcendant à ce niveau dans « The Gray man ». On retiendra tout de même le relatif savoir-faire filmique des frères Russo et l’assaut final, carré et plus abouti et même s’il fait penser à tout un pan du cinéma d’action disparu des années 90. Il n’en demeure pas moins le meilleur moment du film et le décor de ce château renaissance est de toute beauté. La nouveauté tendance, comme l’a utilisée Michael Bay dans « Ambulance », c’est l’utilisation de drones pour filmer de haut et slalomer dans l’action de manière fluide et immersive. Cependant, ici, c’est parfois trop récurrent et agaçant. Le duo principal est crédible dans des rôles peu communs pour eux. Gosling tient la route en tueur au grand cœur et plein de valeurs un brin taciturne tandis que Chris Evans n’en fait pas trop dans un rôle de missionnaire cinglé. Entre les deux, Ana de Arnas a peu de matière pour exister. Bref, vraiment pas terrible pour un film doté d’un tel budget, c’est tellement paresseux au niveau de l’intrigue que cela sera aussi vite vu qu’oublié.
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