Mais y va où le monde ? : les secrets du tournage

Le film est sorti le 16 février en Rhônes-Alpes, et le 23 février dans toute la France.

Le visage de Serge Papagalli, le réalisateur de Mais y va où le monde ?, est plus connu que son nom. Il est désormais attaché à celui du paysan jamais content Guethenoc, dans la série Kaamelott. Il réalise avec Mais y va où le monde ? son premier film. Il est un homme de théâtre, même si, à 17 ans, seul le cinéma comptait : "je tournais des courts métrages en super 8 que je n’osais montrer à personne. Et puis le théâtre est apparu comme une évidence mais même au début des années 90, lorsque je passais beaucoup de temps à Paris, j’écrivais un synopsis par semaine en espérant pouvoir tourner un film. La bonne rencontre au bon moment n’a pas eu lieu".

Tiraillé entre son envie de cinéma et le théâtre, Serge Papagalli s'est laissé convaincre par les producteurs : "Quand Pierre de Gardebosc et Joël Langlois m’ont proposé de produire ce film, j’ai d’abord dit non… Je savais ce que ça représentait comme boulot et je ne pouvais pas déplacer un an de tournée comme ça. Et puis j’ai craqué et on a fait en dix mois ce que certains font en deux ans !"

Les membres de la famille Maudru, autour desquels est centré le film, ont été créés par Serge Papagalli, et détaillés dans trois spectacles de théâtre. Le film utilise à 40% des références à ces pièces, et 60% sont de la création originale.

Le réalisateur Serge Papagalli confie que son plus grand talent est sa capacité d'observation : "J’ai écrit sept versions différentes du film et sur le tournage, tout était découpé presque seconde par seconde. Bien sûr, j’ai aussi tenu compte des propositions de l’équipe mais je savais où aller et comment, parce que nous ne pouvions pas nous permettre de prendre le moindre jour de retard. L’expérience Kaamelott m’a aussi servi pour cela : j’observe beaucoup, j’enregistre et comme un singe savant, j’apprends sur chaque tournage ! D’ailleurs Papagalli veut dire Perroquet en italien…"

Serge Papagalli reconnait que son film est un film militant, voire politique : "Au sens large du terme oui, c’est un film politique ! Il y a une forme de mondialisation qui a tendance à écraser les sans grade, c’est indéniable... et ça m’agace ! (...)C’est en filigrane dans le film, même si Louise ne cesse de dire à Aimé qu’il gueule pour rien, que personne ne l’entend. C’est vrai que ces gens-là gueulent dans le vide. Ils crèvent et tout le monde s’en fout. La scène dans la banque, où Gilles Arbona parle de pendaison dans la grange, c’est tout sauf un sujet léger. Le suicide paysan est une réalité…"

Le réalisateur et acteur principal témoigne de son attachement à la paysannerie : "Au début du film, je rends hommage à des gens de ma famille, directe ou par alliance. J’avais par exemple des liens très affectifs avec deux des oncles de ma femme, et notamment un, Michel. Lui, il vivait dans un corps de ferme du 18ème de façon encore presque autarcique ! Il avait une mob bleue exactement comme celle du film et faisait son vin lui-même. Il n’avait aucune instruction mais c’était un type intelligent et plein d’humour qui, en dehors de son petit bout de terre, n’avait aucun autre horizon. D’ailleurs quand il n’a plus pu s’en occuper, il est mort, tout simplement parce que sa ferme, c’était sa vie. Bref, je suis effectivement très attaché à ce monde paysan même si il y a aussi des cons, comme partout !"

Par amitié pour Serge Papagalli qui participe à sa série Kaamelott, Alexandre Astier a tourné avec le réalisateur dans un sketch (divisé en trois parties) pour assurer la promotion du film.