Jérôme Salle, l’homme derrière Largo Winch ou encore le plus récent Zulu, s’empare de la biographie d’un certain Jacques-Yves Cousteau, plus communément appelé le Commandant Cousteau. Projet audacieux, s’il en est, l’explorateur marin étant une sorte d’icône du petit écran puis un monstre sacré de la bataille écologique mondiale, l’Odyssée, sous ses airs profondément académiques, dresse le portait, trace le parcours, d’un homme, forte tête, alors qu’il passera d’un extrême à l’autre. D’abord mégalomane, explorateur à l’appétit démesuré, passionné d’un monde sous-marin qu’il entend piller, un univers aquatique qu’il souhaite réhabiliter pour l’homme en dépit de toutes autres considérations que financières. Mais sa relation avec l’un de ses fils, son parcours, le mèneront à brandir un nouvel étendard, celui de l’écologie, de la protection des milieux qu’il s’affairait jusqu’alors à explorer sans ménagement, sans respect.
Voici donc l’histoire d’un curieux baroudeur, d’un homme fort, obstiné, un homme qui aura fait découvrir à un vaste public, durant les grandes années des voyages de la Calypso, les mers et océans de notre monde sur le petit écran. Le film de Jérôme Salle, rendant hommage à ce concept, aux apparences, s’emploie en parallèle à tisser soigneusement la toile familiale du Commandant, à montrer au grand jour les failles, les idéaux masqués de l’homme que tout le monde connaît pour son simple bonnet rouge. Relations tendues entre époux, entre père et fils, entre parton et employés, doublées d’un profond changement de paradigme en fin de parcours, l’Odyssée nous démontre que tout change, que le monde change et que ses grands acteurs sont forcés, eux-aussi, de changer. Structurellement, le film se veut donc réussi. Qu’en est-il, pour autant, de la sa forme? Eh bien là, foncièrement, le résultat est bien plus mitigé.
Jérôme Salle, cinéaste ne se caractérisant pas, il faut le dire, de par une indépendance créatrice de tous les instants, nous livre un film qui respecte, à la lettre, les codes du biopic. Entre images sous-marines ou aériennes éclatantes de beauté et instants d’introspection d’un certain ennui, le cinéaste ne parvient en définitive qu’assez peu à captiver, à donner une réelle profondeur narrative à son film qui ne fait que suivre, assez sagement, le parcours de l’ami Cousteau, de l’achat hasardeux de son prestigieux bateau à son revirement moral vers l’écologie totalitaire. Un film, en somme, s’il est parfois agréable, qui ronronne et qui n’éclate véritablement jamais comme le véritable hommage qu’il souhaiterait être. Deux heures, la durée du film, qui peuvent parfois sembler poussives, longuettes.
Bref, voici un film hommage assuré, un biopic très encadré, agrémenté de très belles images en dépit de quelques CGI douteux, un film ou Lambert Wilson se montrera remarquable de présence dans la peau du célèbre commandant, la ressemblance étant également frappante, et ou Pierre Niney démontrera, si nécessaire, à nouveau son talent. Reste que les personnages secondaires, quant à eux, surtout Audrey Tautou, ne sont pas à la hauteur de la tâche. Les amateurs du genre apprécieront. 10/20