Si vous ne connaissez pas le commandant Cousteau et son célèbre navire océanographique la Calypso, il n’est pas trop tard pour faire sa connaissance. Dans le cas contraire, vous pourrez le découvrir sous un œil nouveau qui n’est pas sans déplaire.
L’Odyssée est un long-métrage attrayant qui, à l’image de l’aventure de Cousteau, commence paisiblement pour nous faire passer par une multitude d’émotions par la suite. Gros plan sur le biopic de Jérôme Salle.
Qui dit biopic dit œuvre centrée sur la description biographique d’un personnage principal ayant réellement existé, ici donc peu de surprises quant à l’intrigue.
Nous suivons le parcours de Jacques-Yves Cousteau (Lambert Wilson) à travers 4 arcs principaux. Attention spoilers. Nous débutons par une vingtaine de minutes d’introduction à travers lesquelles nous découvrons la famille du commandant (alors encore membre des Mousquemers), vivant dans la joie et la bonne humeur peu après l’invention du scaphandre. Nous sommes alors en 1949. Puis changement de décor suite à l’achat de la Calypso : place à la magie du cinéma et à l’exploration des océans à travers un homme parti vivre sa passion à fond. Ici le cadre est utopique. Cousteau et son second fils Philippe (Pierre Niney), avec qui il partage un amour filial passionnel, parcourent le globe paisiblement, capturant des images uniques et les transformant en long-métrage. Or nous assistons déjà aux prémices de ce qui sera la déchéance de Cousteau. Tout d’abord lorsqu’il est contraint de s’acquitter des salaires de son équipage avec son compte personnel. Enfin quand sa femme Simone (Audrey Tatou) apprend son infidélité. Et c’est justement là qu’est le tournant de la vie de Cousteau (et celui du film). Nous observons à travers le point de vue de Philippe l’évolution brutale de son père, à présent véritable homme d’affaires, bafouant ses idéaux en maltraitant les animaux et en polluant les océans. Au même moment ce dernier se trouve terriblement endetté. Son fils ainsi que ses associés lui tournent le dos. Il tombe en disgrâce. A partir de cet instant nous suivons les évolutions distinctives du père et du fils, désormais opposés. Enfin vient le voyage en Antarctique puis la réconciliation de Jacques-Yves et Philippe autour d’un projet commun : la protection des milieux aquatiques, maritimes et fluviaux à l’aide de la Cousteau Society.
Un scénario qui suit donc l’épopée de Cousteau plus ou moins à sa manière.
Là où l’intrigue sait se montrer singulière, c’est dans sa manière de représenter le commandant. En effet, pour « Jérôme Salle [autant que] Lambert Wilson, il n’était absolument pas question de livrer une hagiographie du commandant [malgré ses exploits] mais de ne pas hésiter à explorer ses zones d’ombre. » En revanche, j’ai trouvé amplement exagéré l’ellipse narrative du réalisateur à la demi-heure du film, où, en moins d’une minute, nous faisons un saut dans le temps de plus d’une dizaine d’années.
Concernant le ton de L’Odyssée, comment ne pas relever la qualité des images ? Le biopic comprend de magnifiques plans entre ciel et mer pendant lesquels nous nous laissons bercer calmement, transcendés par la beauté des images. De même, nous contemplons de splendides clichés de créatures marines telles que des requins, baleines, ou encore des otaries. Il faut ajouter à cela la bande-son de qualité du compositeur Alexandre Desplat, déjà oscarisé pour The Grand Budapest Hotel, très apaisante et toujours en adéquation avec ce qui défile à l’écran.
La grosse prestation de Pierre Niney est à relever. Mais surtout celle de Lambert Wilson, qui se montre véritablement rayonnant dans le rôle de Cousteau. Le spectateur se plaît à le voir passer par toutes les émotions possibles. A noter que l’acteur s’était soumis à un régime draconien tout au long du tournage afin de se rapprocher au plus près physiquement du commandant Cousteau, qui était très mince.
Pour conclure, le biopic de Jérôme Lassalle aboutit sur un long-métrage séduisant de qualité, repassant bien par toutes les étapes de la vie du commandant Cousteau depuis la découverte du scaphandre et sur sa relation avec son fils Philippe.