Les gens de ma génération, dûment chapitrés par leurs aînés, ont tous été voir Le Monde du Silence. Prière d'admirer le grand homme, inventeur multiple, en particulier du scaphandre autonome, et découvreur des fonds marins....
Quelques décennies plus tard, le ton change. Jacques-Yves Cousteau ne serait plus qu'un égoïste mégalomane, gérant ses affaires à la limite de l'escroquerie, lançant des projets irréalisables de villes sous la mer et d'homme modifié, cavaleur alors que c'est grâce aux biens propres de son épouse Simone (Audrey Tautou) qu'il avait pu acquérir et retaper la Calypso (à laquelle celle ci resta passionnément attachée et où elle vécut la plupart du temps, gardienne désabusée de la légende....). Et de plus, complètement indifférent au sort des animaux: on voit dans le présent film deux otaries captives, brutalement capturées en but de réaliser un film, un des innombrables films de la machine Cousteau, montrant l'attendrissante amitié entre l'équipage et les deux malheureux animaux... Et ce n'est qu'un petit exemple de mammifères ou poissons maltraités pour les besoins d'une bonne prise...
Le film de Jérôme Salle essaye de naviguer entre ces deux extrêmes. Oui, le commandant, très crédiblement interprété par Lambert Wilson, adorait jouer les vedettes, signer des autographes.... et des contrats. Mais en même temps, on ne peut nier qu'il y avait chez lui une vraie passion pour le monde sous marin, et un désir sincère de la faire partager au monde entier. Et c'est une bonne idée d'avoir abordé ce récit par le biais des relations difficiles entre Cousteau et Philippe (Pierre Niney, décidément bon pour tous les rôles!), son fils préféré (et qui, enfant, l'idolâtrait!), mort prématurément aux commandes de son hydravion (ici version édulcorée). Relation faites de brouilles (Philippe part monter une société concurrente, mais orientée vers la préservation des espèces animales en Baja California, le paradis des baleines) et de réconciliations. C'est Philippe qui aurait ouvert son père à l'écologie....L'autre fils, Jean Michel (Benjamin Lavernhe), reprit le flambeau avant de se fâcher définitivement avec son père. Drôle de famille quand même....
Il y a, bien sûr, une très belle photographie, surtout en Antarctique dont les paysages sont somptueux. Intéressant! Et pour tous les âges....