Premier Film au combien excellent ! Augustine décroche dès son allumage une fascination autour de cette jeune femme que l'on apprend à découvrir au travers des symptômes, spasmes, de sa crise qui l'amène à cet hôpital ou les corps et les âmes sont meurtries. De cette proximité qui nous enferme avec elle, toute une étude sera faite, mais chaque chose en son temps ...
Un rapport de force s'opère dès les premiers exams, dans le " touché ", surtout par la parole, là ou le traitement s'avère d'une extrême brutalité ! Sans ménagement, la froideur exerce comme une forme d'emprise, devient sujet de prières, et si j'ose dire, une première hypnose. Je prend pour exemple cette séquence ou l'on ne lave pas, on frotte la malade, ardemment, jusqu'à présentation devant une assemblée d'hommes/médecins, qui s'achemine par des applaudissements devant cette "Hystérie " momentanée. La discussion en plein repas qui s'ensuit, ne facilite aucune nuance, elle s'en déguise, établis un parallèle avec un constat, celui de comprendre, un œil à semi-ouvert, en tout cas pour moi.
La lumière dans le paysage dépeint, là ou la clarté surgit dans la teinte obscure sublime une photographie ou le grain est essentiel. Alice Winocour, livre d'ailleurs, une mise en scène ou le soin apporter aux détails est primordiale pour un sujet qu'elle veut contrastant. L'œil, le regard, la perception passe par la formule, par un contenu à la fois visible et à la fois sous-jacent. Le pouvoir qu'exerce ce médecin un poil particulier sur cette patiente qui l'est tout autant témoigne d'une étrange attraction ou l'ascendant est bien plus trouble qu'il n'y parait de prime abord. La " malade magnifique " comme l'appel Charcot, est tout passablement mis au centre des multiples donnes possibles et imaginables. Le traitement qui lui est indiquée, voir infligé, comme cette scène sans finesses, aucunes, manifeste une douleur que rien entrave, bien au contraire, questionne au demeurant la fameuse idée mis en exergue, de quelle " guérison " parle t-on ?
La rudesse, la virulence, le voyeurisme laisse place à une soudaine variation passé le " - Va t'en ! ".
Ceci amène une nouvelle démonstration, pour un résultat similaire, en apparence seulement. La pulsion, une fois consommé laisse place à une autre définition dans le superposé, Passion / Raison, jusqu'ici conduit. La souffrance devient perpendiculaire, de se croisement, l'on retiens les visages dans le succès, dans la fuite qui s'orchestre de suite, dans un final absolument magnifique ! Il faut d'ailleurs souligné le travail exquis de Soko et de Vincent Lindon, touts deux incroyables. La première, dans une forme de fragilité révèle un tempérament, une trajectoire par le feu qui accentue des émotions, permet d'en extraire une fièvre éblouissante. Quand à celui-ci, sa pseudo rigueur dissimule une autre forme d'expression, totalement cadenassé par un surmoi, par des attentes, des codes, des schémas ciblés auquel il faut coute que coute s'y livrer, y compris lorsque l'on tente de les changer. Lindon est franchement bluffant !
Augustine, premier film d'une Réalisatrice qui semble vouloir creusé et chatouiller les idées reçus, à dans son sein une matière à rendre compte d'un cinéma que je trouve génial. En sortant des clous, elle franchit des limites, ou alors les effleure dans une relative approche de la connotation et entraine avec elle une idée folle pour redéfinir les carcans, voir autrement, dans une originalité de ton et de teinte qui sort du cahier des charges types du cinéma lors de toute idée de reconstitution.
J'ai hâte de découvrir ses trois autres longs métrages.