Guzman est en train de se faire une spécialité du style grindhouse. Bon, et bien si son Run Bitch Run était une petite pépite du genre, ce Nude Nuns with Big Guns n’est malheureusement pas du tout au même niveau. On dirait une parodie du genre, et ce n’est vraiment pas enthousiasmant.
Côté casting bon, on a le droit aux sales têtes de mafieux mexicains et de truands en tout genre typique du genre, campé par un lot d’acteurs pas connus qui jouent de façon assez lacunaires. C’est d’ailleurs un souci qui touche aussi les nonnes. Les interprètes font un peu ce qu’ils veulent, et malheureusement on vire souvent au surjeu grotesque, pas trop aidé par des dialogues plein de surenchères. L’héroïne arrive à être à peu près charismatique, mais son personnage est totalement à la ramasse, à des années lumières par exemple de l’héroïne de Run Bitch Run, et pour le reste ben c’est faible. Les méchants cabotinent de trop.
Le scénario est lui aussi bien moins bon que celui de Run Bitch Run. Il commet surtout l’erreur de passer beaucoup trop vite sur la trajectoire tragique de l’héroïne, pour se concentrer en vérité sur sa vendetta. Du coup, pendant l’essentiel du film on suit une héroïne à laquelle on n’a pas vraiment eu le temps de s’attacher, et qui dézingue des gens, même ceux qui n’ont pas directement pris part à ses malheurs. Le film enchaine donc les fusillades, les morts, sans vraiment de liant, et en accumulant quand même tous les clichés du genre. Guzman semble avoir voulu en faire encore plus que dans Run Bitch Run, et ça finit par virer au n’importe quoi, notamment la séquence avec les nonnes topless ! D’autant que le film contrairement à certains métrages grindhouse se prend quand même beaucoup au sérieux, et l’un dans l’autre ça finit par faire tache.
Pour le reste Guzman arrive quand même à se débrouiller avec un petit budget. Ses scènes d’action ne déméritent pas, il use d’un style ultra-racoleur ici, qui finalement parvient à remplir en partie le contrat pour l’amateur du genre, avec des scènes violentes affirmées, et quelques scènes de sexe clairement moins bien emballées. Les décors sont assez minimalistes, mais bon avec 85000 dollars fallait pas s’attendre à du très lourd, et la photographie ne surprendra pas les amateurs de grindhouse, avec les couleurs surexposées, le grain de l’image, bref, les recettes habituelles. Comme déjà dit le film est en effet bien violent, mais là encore le genre veut cela donc rien de bien étonnant. La musique est inégale. Parfois elle lorgne franchement vers Tarantino, avec un thème qui rappellera un de ses films, parfois c’est une bouillie pas terrible, parfois elle a une personnalité sympa. Ça dépend le moment en fait.
Bon, enfin ce film de Guzman m’a déçu. Autant j’avais accroché à son Run Bitch Run, que je considérais comme une pure réussite grindhouse, autant là Guzman utilise le squelette du genre et ne fait rien de plus. Son film apparait éculé, simpliste, une triste parodie des classiques mais qui se prend au sérieux. Dommage. 1.5.