"Meat" c'est le genre de films sans propos, étrange par plaisir, malsain par besoin, qui défie les lois de la pudeur du spectateur pour l'embêter et le défier. L'histoire assez simple d'un boucher (Titus Muizelaar) ayant pour femme une prostituée (elle ne s'en cache pas car son mari la "comprend") et comme employée une jeune fille qu'il veut se taper. Pour cela, il lui intime des mots quelques peu osés pour la faire flancher. On y suit aussi l'aventure d'un inspecteur de police joué par le même acteur. Malheureusement, son interprétation n'est pas vraiment juste, se partageant entre la retenue et l'obscénité, et mélangeant (sans faire exprès) les deux genres. Même si il est fort impressionnant, c'est du côté de la réalisation qu'il faut s'attarder. La plupart des plans sont remplis d'une envie jouissive de se démarquer des autres productions. Et c'est réussie. On plonge non pas seulement avec les personnages dans la solitude, dans cette ivresse de la nourriture, mais aussi avec la mise en scène, unique, perplexe, marquante, puissante... Un huis-clos dont on ne peut saisir toutes les idées scénaristiques, mais d'un certain point de vue ça ne porte plus problème : lorsqu'on est bercé par l'ambiance morbide, par cette atmosphère digne des plus grands cinéastes de l'époque, on ressort éberlué par tant de savoir-faire, tant dans le jeu d'acteur, inattendu, que dans la poursuite de l'histoire (et aussi avec cette fin, véritable symbolique du mal-être en société). C'est une ombre sombre qui plane, seule, dans l'énormité océanique qu'est le cinéma d'auteur. Un coup de poing, une découverte, et un soulagement, tel un espoir grandiloquent pour le futur cinéma d'auteur... Waouh...