Noémie Lvovsky signe avec « Camille redouble » un film absolument charmant qui parlera tout particulièrement aux personnes qui ont été, comme moi, adolescent(e)s dans les années 80. Elle choisi d’interpréter elle-même le personnage de Camille à 40 et à 16 ans, sans effets spéciaux ni maquillage, ce qui donne à son personnage d’adolescente un côté perpétuellement décalé qui, bizarrement, fonctionne ! Si la réalisation est sans grande surprise (avec quelques jolis plans néanmoins), si l’interprétation est soignée et les acteurs visiblement très appliqués, si la reconstitution des années 80 est plus vraie que nature dans les vêtements, les meubles ou les petits détails (juste un petit anachronisme, pour chipoter, aucune chance de trouver un poster de Madonna époque « True Blue » au mur d’une adolescente en 1985 !), c’est surtout le scénario qui fonctionne, qui pose question et qui invite à une jolie réflexion. Non pas que le postulat soit si original que çà, après tout « Retour vers le futur » avait déjà (sur)exploité l’idée, avec beaucoup d’effets spéciaux et avec un humour efficace et omniprésent. Mais ce serait presque incongru de comparer ces deux films tellement ils traitent de la question du voyage dans le temps et qu’ils manipulent la notion de Destin (avec un D majuscule) de façon différentes. Noémie Lvovsky, et a travers elle Camille, ne s’attache qu’aux aspects émotionnels de la question. Peut-elle sauver la vie de sa maman et éviter qu’elle ne succombe à une rupture d’anévrisme ? Mais surtout, retombera t’elle amoureuse de cet homme qui la fera tant souffrir au final. Camille s’imagine qu’elle a un pouvoir de décision là-dessus, et qu’elle peut exercer son libre arbitre et choisir de ne pas aimer. La réponse, mais qui pourrait en douter, c’est qu’en matière de sentiment, on ne choisit pas, on ne fait que subir. Les choses ne se passent pas dans la tête mais bien ailleurs, c’est bien pour cela que cela fait si mal et que c’est si difficile d’être heureux… Il est inévitable, devant l’écran, de se poser mille questions sur ce qu’on aurait fait à la place de Camille sur ce point précis. La fin du film n’apporte pas vraiment de réponse sur le pourquoi de ce voyage dans le temps, parce que le scénario ne choisit pas son camp entre le surnaturel et l’explication rationnel, il pioche dans les deux théories et c’est assez déconcertant ! Et puis le générique de fin arrive un peu brutalement à mon gout. Mais dans l’ensemble, « Camille redouble » mérite les éloges dont on le couvre depuis quelques semaines, même si ce serait très exagéré de crier au chef d’œuvre, il mérite quand même le déplacement.