Source: Plog Magazine, les Critiques des Ours
http://lescritiquesdesours.blogspot.fr/2012/02/another-happy-day.html
Les films dits "de famille" ne sont généralement pas trop ma tasse de thé de par -bien souvent, la maigreur de leur intrigue, inhérente au genre, qui tend souvent vers le catalogue de personnages aux traits bien tirés. "Another Happy Day" ne déroge pas à cette règle. Cependant, la structure du film (qui se passe sur deux jours, avec pour enjeu un mariage) dégage un intérêt narratif évident qui empêche de faire sombrer le spectateur dans l'ennui le plus total (même si parfois, on flirte avec lui).
Ainsi, la plupart (pas tous, j'y viens) des membres de cette famille sont d'insupportables cons qu'on aurait envie de baffer (de la grand-mère réac à la choucroute bétonnée aux tantes langues-de-vipères). Le spectateur dispose cependant de points d'ancrages. Le premier est Erza Miller (parfait ici), qui joue un adolescent attachant, qui a perdu ses repères (mais pas son sens de l'humour) et qui file vers l'autodestruction. Son petit frère (Daniel Yelsky, avec sa paranoïa autistique) est également attachant. Le dernier repère est la mère, Lynn, incarnée par Ellen Barkin, dont le visage terriblement meurtri semble catalyser les tares de cette famille et être, à lui seul, un symbole à part entière..
Par métaphore évidente, cette famille est le portrait fidèle d'une Amérique en perdition, où le conservatisme absurde (incarné par les grands-parents et leur dévotion pour Fox News) est condamné à disparaître, où l'enfermement dans l'inaction ne mène qu'au ridicule et à la beauferie pure (les tantes-bigoudis et leurs maris crétins) et où la jeunesse (les enfants donc) semble bien malmenée. Les éléments féminins extérieurs à cette famille (à savoir la belle-famille) sont des pestes, menées par une Demi Moore infernale qu'on aimerait écraser à coups de tondeuse à gazon. Le personnage de Lee (Jeffrey DeMunn, très drôle), le nouveau mari de Lynn, porte sur cette famille un regard critique mais au fond plein de tendresse et d'empathie. Et la tendresse est très présente dans ce film. Et c'est ce qui sauve le film, car dépeindre une famille si antipathique était un pari très risqué pour le fils de Barry Levinson. Les points d'ancrages (de normalité dirait-on) qu'il sème dans son récit l'aère et apportent un recul nécessaire qui peut finir, par moments, par nous faire aimer et comprendre ces médiocres êtres humains. Car en y regardant de plus près, on en connaît tous au moins un qui leur ressemble...