Drôle d'objet qui aurait pu tenir la route, mais comme tel, est raté.
Il manque quoi? Un réalisateur de cinéma. Une actrice de cinéma.
Lynn et Paul (Thomas Haden Church) ont divorcé, il y a vingt ans, dans des conditions qu'on devine....homériques. Lynn a eu la garde de la fille, Alice (Kate Bosworth); Paul, celle du fils, Dylan. Chacun s'est remarié de son côté. Paul a épousé Patty, une cagole exubérante et vulgaire (Demi Moore, quelle silhouette pour une quinquagénaire, mes aïeux!), qui semble néanmoins avoir été une excellente mère de substitution pour Dylan, et qui a donné à Paul deux filles à gros nichons. Lynn a épousé le brave Ben, dont elle a eu deux fils. Mais voilà que Dylan se marie, et souhaite avoir sa soeur Lynn pour témoin. Les familles recomposées doivent donc se retrouver pour un week end dans la grande maison où vivent les grands parents, Doris et Joe, qui perd complètement la tête (c'est un plaisir de retrouver l'excellent George Kennedy, qu'on a bien dû voir dans un millier de seconds rôles...), au milieu de tantes foldingues, tontons picoleurs, et petits cousins acnéiques et obsédés sexuels.
Tout se passerait bien, si ce n'était que Lynn est une cinglée d'anthologie (devant revoir Paul, elle exige que la première rencontre se passe en présence de son psy...) qui a rendu les trois enfants dont elle a assuré l'éducation (Dylan a l'air très normal...) encore plus cinglés qu'elle. Alice est anorexique et auto-mutilatrice. Le petit dernier, marmot grassouillet, se demande s'il est autiste. Quand à Elliott, agé de 17 ans, interprété par Ezra Miller (oui, le Kevin de Lionel Schriver!) qui nous fait un magnifique numéro, à lui tout seul il justifie le film (on l'imagine déjà dans un remake de Psychose.... depuis Kevin, il a évidemment vieilli et n'en est que plus inquiétant!), il est pervers, manipulateur, alcoolique, et drogué (il sort de sa quatrième cure de désintox....). Lynn ne cesse de se mêler de la vie des autres, de discourir sur les pensées des autres, de psychiatriser tout ce qui l'entoure; elle s'est donné beaucoup de mal pour persuader Alice que revoir son père va être un terrible traumatisme, et ne cesse de s'agiter pour l'aider à surmonter ce terrible traumatisme.... Et, dès la répétition du mariage, elle va semer la perturbation en revendiquant le droit, elle, la mère biologique, de conduire Dylan à l'autel- et pas l'autre, l'usurpatrice, la mère de substitution. Ce personnage est quand même typiquement américain. Dieu soit loué, les Lynn ne courent pas les rues autour de nous (quoique, on y vient....)
Pour jouer Lynn, on aurait pu imaginer tirer sur l'outrance grinçante, (mise en scène à la Coen, elle aurait été interprétée par Frances Mc Dormand... ) ou au contraire l'humaniser, lui donner une vérité, la rendre touchante.... las! Ellen Barkin, actrice exécrable, ne fait ni l'un ni l'autre, mais joue comme dans une mauvaise série télévisée, Dallas and the fires of the love, et c'est là qu'intervient le réalisateur. Qui est Sam Levinson, à part le fils de Barry? Travaille t-il généralement pour l'industrie du feuilleton? Car le fait est que tous jouent comme dans une série, gros, lourd, appuyé. Au moments drôles, il y en a beaucoup (mon préféré, la réplique d'un des boutonneux: si ta mère savait où est son point G, elle ne fabriquerait pas des costumes pour chien), on croit presque entendre les rires pré-enregistrés.
Il y a quand même un beau personnage, c'est celui de la grand mère, la magnifique Ellen Burstyn, qui ne supporte pas (pas plus que le spectateur....) la logorrhée pleurnicharde de sa fille, et qui souffre en silence, depuis qu'elle a perdu l'homme de sa vie, depuis qu'il est parti (et quand est il parti, au juste?), et qui, brushing impeccable dès le petit déjeuner, assure que tout va bien, que tout est bien, que Joe est très bien...
Bon, on ne s'ennuie pas. C'est déja quelque chose.....