"Another Happy Day" dresse un portrait de famille explosif, où les caractères s'étouffent et où les liens entre les différents membres se fragilisent, s'affrontent ou se perdent. L'histoire est d'une simplicité plate, mais les personnages, eux, sont rudement exploités : personnalités complexes faisant partie d'un ensemble hétérogène, ils jouent et ébranlent involontairement leurs émotions et la sensibilité des autres, ceci semant la zizanie au coeur d'un cadre familial chaleureux, soit un mariage permettant à tous ces êtres perdus dans leurs pensées et leur ressenti de se retrouver et de rentrer en collision... Le personnage principal, le plus névrosé de tous (mais qui ne se l'avoue pas, trop préoccupé par l'état des autres), qui n'est autre que Lynn, la mère du jeune marié, est tiraillée entre les caractères excessifs de ses deux jeunes fils (l'un drogué et l'autre précoce), la nonchalance intrigante de sa mère, les commérages de ses soeurs, les pulsions suicidaires de sa fille, l'absence de plus en plus marquée de son père sans oublier son ex-époux qui la battait jadis ainsi que sa femme, une diablesse s'assurant toujours d'avoir le dernier mot (Demi Moore en personne!). Rien qu'avec une telle phrase, on devine le schéma ardu qu'arbore une telle structure. On pourrait le comparer au récent "Skylab" qui, lui, préfère rester gentil en reflétant le bon temps ou encore "Esprit de famille" qui sème la discorde d'une famille au cours des fêtes de fin d'année. Ici, l'humour reste un atout majeur, permettant de passer avec fluidité des passages prenants et violents (émotionnellement parlant) à ceux plus légers, après l'échauffement des esprits les plus excités. Les acteurs sont pleinement appliqués, ce qui provoque une cohésion d'autant plus forte et poignante ; j'étais convaincu que les acteurs étaient tous inconnus et j'ai été des plus surpris quand j'ai remarqué la présence d'Ellen Barkin, Ellen Burstyn, Demi Moore et Ezra Miller, formant un groupe d'une force intense et sincère. Cependant, ce n'est pas le temps que j'ai trouvé long pour une fois, le scénario sachant garder en haleine le spectateur par des imprévus agréables, mais trop excessifs. Les personnages rentrent dans des extrêmes vite lourds ; le personnage principal, par exemple, rechigne sans arrêt et ça devient trop continu et lassant. Le pathos est trop présent, on s'en passerait à certains moment, comme si on mettait le doigt sur le cas désespéré des personnages en insistant bien avec les violons en fond. Cela dit, j'ai beaucoup apprécié l'une des phrases que dit le personnage d'Ezra Miller, qui résume bien le propos du film, et qui, je trouve, est avérée ; approximativement "Pourquoi être heureux quand les circonstances sont tragiques (enterrement) et tant se disputer et s'insulter quand l’évènement réunissant toute la famille est sensée être heureux (mariage)?"