Je ne suis pas la première à regarder ce genre de film, ce n’est d’ailleurs pas du tout mon style, et pourtant, à mon grand étonnement, j’ai adoré !
On a tous son propre avis sur le film « Bullhead » et je partage le mien en réagissant à la critique de « Tuco-Ramirez » ;
Pour moi ce film est bien plus qu’une simple histoire d’hormones. C’est l’histoire de la vie de Jacky Vanmarsenille, un propriétaire de bétails qui sombre dans le monde du trafic d’hormones, je dirais presque malgré lui. Un évènement traumatisant de son enfance en est la cause. En parallèle à son histoire, on retrouve l’assassinat d’un policier fédéral, intrigue qui pour moi n’a pas beaucoup d’importance dans le film, mais qui plante une ambiance, pas très joyeuse.
Dans le film, Jacky est comparé à un bœuf, cette bête énorme, pleine de muscles et qu’on assomme aux hormones, qui ne se contrôle pas, du point de vue de « Tuco-Ramirez, Jacky se prend pour une bête, c’est là que je ne partage pas le même avis. Tout dans Bullhead est fait pour qu’on arrive à reconnaitre les similitudes entre Jacky et un bœuf (sa respiration particulière, sa démarche, sa façon d’être,…) mais pour ma part, je ne pense pas que dans sa tête, Jacky se prenne lui-même pour un bœuf, tout ce qu’il s’inflige, les hormones, c’est pour combler son vide en lui, pour le rendre plus masculin, il y est obligé. Il garde en lui cette faiblesse mentale qui est loin d’être comparable à un bœuf.
Bullhead est poignant, je n’ai pas d’autre mot, et le jeu d’acteur de Matthias Schoenaerts y est bien pour quelque chose. Je suis complétement d’accord avec « Tuco-ramirez ». Il est aussi impressionnant physiquement que par les émotions qu’il arrive à transmettre aux spectateurs. Il nous fait ressentir toute la faiblesse du personnage sans dire un mot, bien que la masse musculaire soit là, grâce aux hormones que Jacky s’injecte, on arrive à ressentir que le personnage est cassé mentalement.
Bien que l’acteur soit exceptionnel, le réalisateur arrive parfaitement à nous transmettre le ressentit de Jacky. Les prises de vues nous font tout de suite comprendre ses émotions et l’influence qu’il a sur les gens. Par exemple avec la caméra subjective qui nous donne l’impression d’être dans la peau du personnage principal, on entend son souffle comparable à celui d’un bœuf, les gros plans sur son visage qui nous montrent la solitude et la tristesse du personnage. Ou encore les plans en contre-plongées qui nous donnent cette impression de puissance. Tout est mis en place pour que l’on ressente ce que Jacky ressent.
Le réalisateur arrive aussi à nous donner des indices sur l’histoire du film, avant même qu’on ne nous l’explique, à travers le son. Par exemple, au tout début du film, quand Jacky a une altercation avec le fermier qui doit lui acheter ses vaches, moment assez impressionnant, on voit à l’image que le personnage est fort et imposant, mais au moment où il s’en va, la musique est assez dramatique, on comprend alors que quelque chose est brisé chez lui. D’en d’autres scènes il y a aussi l’absence de son qui justement amplifie l’isolement du personnage.
Loin du ratage de film dont « Tuco-ramirez », je conseille vivement à ceux qui ne l’on pas encore vu, ce superbe film belge d’une puissance incroyable, d’une tension forte et au jeu exceptionnel d’un personnage principal qui arrive à nous transmettre à la fois sa brutalité et sa vulnérabilité.