Inconnu au bataillon des réalisateurs, Joe Cornish nous livre son premier long-métrage sous la forme d'un petit paquet cadeau dopé aux références geek, SF et british. L'idée, très originale, de mêler jeunes de banlieue et extra-terrestres est traitée de manière décalée et particulièrement amusante. Mais, il faut bien l'avouer, le film possède quand même quelques défauts. Le quota est tout de même largement atteint avec cette comédie efficace, et Joe Cornish prouve, même si tout n'est pas forcément abouti, qu'il en à sous le capot en terme de mise en scène. C'est fun, décomplexé et très souvent tordant. Accrochez vous, chers amis Klingons, nous nous envolons pour la banlieue de Londres, notre nouvelle cour de récréation.
L'histoire en est elle même n'est pas bien compliquée. Mais, Joe Cornish relève la sauce avec de nombreux coups de théâtre et de retournement de situation. Flirtant avec la SF, le teen-movie, le film d'horreur et la comédie, le script montre un excellent sens du rythme. L'humour est omniprésent et ne tombe quasiment jamais dans la vulgarité. Les dialogues sont bien écrits et certaines scènes se révèlent, à force d'analyse, très symboliques et audacieuses. Les personnages, bien fouillés même si certains archétypes subsistent, ont tous quelque chose d'intéressant et aucun d'entre eux n'est sacrifié au profit d'un autre (donnant une véritable sensation de cohésion et d'esprit d'équipe). Mais même si le spectacle est assuré, il faut bien avouer que la durée fait cruellement défaut ( 1h20 de film seulement). Ainsi, si elle est rythmée et efficace, l'histoire n'en est pas moins courte et frustrante. Le met est délicieux, mais on reste tout de même servi au lance-pierre (ceci dit mieux vaut ça que le contraire. Ex : Pearl Harbor).
Les acteurs sont tous individuellement très correct : chacun joue son rôle, atypique ou non, et aucune note ne semble fausse. Certains vont même jusqu'à surprendre de par leur interprétation (les deux petits caïds, qui font la guerre aux féroces aliens avec des pistolets à eaux rempli d'essence et trois allumettes, sont géniaux). Par la suite, on retiendra surtout l'hilarante composition de Nick Frost, incroyable en dealer baba-cool (le véritable extra-terrestre, c'est lui). Tout ce casting parait former une authentique petite équipe de choc, chacun semble être un maillon essentiel du groupe auquel il appartient et c'est ce qui impressionne le plus dans la prestation des acteurs : chacun a trouvé sa place.
Côté réalisation, Joe Cornish prouve qu'il a du talent. Les images sont très soignées et les plans sont marqués par un style à la fois flottant et rigide. La mise en scène est rigoureuse, précise, tantôt aérée, tantôt étouffante. L'ensemble transpire la banlieue, le suspens, la déconne et l'héroïsme. Le final, malgré sa courte durée, est également épique et mémorable. La bande originale est de plus excellente (mélange sonorité hip-hop et SF vraiment bien vu). Malheureusement les aliens ne sont pas toujours très convaincant. Même si l'idée de départ pour leur design est originale, le rendu final n'est pas souvent à la hauteur de l'attente. Ceci dit le voyage reste des plus dépaysant.
Au final, Attack the Block se regarde comme se déguste une pizza duo lors d'une soirée avec une dizaine de pote. C'est bon mais c'est peu. Cependant, vu ce qu'on nous sert, on peut tout à fait s'en contenter : ça détend, ça fait frissonner, l'émotion et le rire font mouche. Ainsi, le film s'avère être un très bon divertissement qui aurait tout de même mérité une petite rallonge d'une demi-heure. Premier coup d'essai réussi pour Joe Cornish, maintenant il s'agit de prendre de l'âge et de faire encore mieux la prochaine fois. Une invasion alien fort originale et sympathique.