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Toutou to you
35 abonnés
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4,0
Publiée le 11 décembre 2012
Bruno Dumont, cinéaste de l'éloquent silence, est bien un des plus grands metteurs en scène français. Si sa foi religieuse est morte, sa foi en la cinématographie est, elle, bien vivante. Dans une région rurale du Nord, un gars et elle (ils ne sont jamais nommés, ni personne d'ailleurs) traversent les paysages comme des fantômes mais offrent à cette Nature, toute la reconnaissance qu'elle mérite. Ce gars ne ressemble à personne, il n'est personne et pourtant... Dumont depuis son magnifique La Vie De Jésus n'a pas changé sa façon de faire du cinéma : style épuré, plans contemplatifs, personnages complexes, sujets peu communs traités admirablement etc. Hors Satan est un drame mais surtout un métrage qui va épouser certains codes du cinéma fantastique, c'est là toute la beauté de son film. Austère ? oh oui, une austérité qui fait fuir le médisant, qui assiège et maltraite nos cervelles passives. Avec cette oeuvre, Bruno Dumont ne verse pas dans un mysticisme grandiloquent, il expose les pauvres âmes devant la grandeur immanente d'un être mystérieux. Ce gars est-il un prophète ou un ange ? est-il le Diable ? Hors Satan est déroutant, pas de musique, un son en prise directe, une lenteur à priori fatale mais des plans d'une beauté majestueuse et un excellent montage. Il y a aussi cette Nature filmée avec grâce, des acteurs brillants, une structuration globale qui s'amplifie jusqu'à cette fin. Chapeau l'artiste mais ne vous y aventurez pas si vous n'êtes pas prêts à accepter son apathique cheminement. 4/5
Voilà donc le film métaphysique de Bruno Dumont, cinéaste témérairement ambitieux, qui expose (le mot est fort, je le conçois) sa vision de l'Humanité avec un grand h.
Aucune parenté avec le Tree of Life de Malick, le film de Dumont se rapprocherait davantage d'un Enter the Void ou d'un 2001, quoique la comparaison est loin d'être évidente : le style de Dumont étant vraiment unique.
Il y a matière à disserter de longues heures sur Hors Satan, tant le propos y est riche et la mise en scène impeccable.
Une certaine sacralité surgit brutalement des tableaux du cinéaste, à condition bien sûr d'y croire. Et c'est bien là la grande force du film de Bruno Dumont : il préfère laisser libre le spectateur. Pour le reste, le propos de Dumont est transcendé par une réflexion métaphysique envoûtante. Bruno Dumont questionne son public : une entité supérieure habite-t-elle le village ? Si oui, s'agit-il d'une force divine ou méphistophélique ?
Dumont ne répond pas à ces questions. Pour ma part, je tire du film de Dumont une analyse bipolaire de l'homme. Cette bipolarité est canalisée dans le personnage de David Dewaele, comme en témoigne les scènes "d'exorcisme" et particulièrement une séquence sexuelle, grotesque dans son dualisme et sa démesure. Le personnage de Dewaele semble à la fois y être la cause de la démence et le guérisseur, séquence qui se termine par un plan paroxystique et burlesque. Dumont parvient à capter les ambiguïtés de la condition humaine : une certaine laideur, ne serait-ce que dans le physique des acteurs, qu'il contrebalance par une intériorité individuelle marquée.
En revanche, outre l'interprétation approximative des comédiens, Hors Satan souffre d'un défaut de structure. Les vingt premières minutes relèvent quasiment de l'esbroufe là où la suite se révèle bien plus riche et intéressante tandis que le final se contente de saynètes orientées dans le même sens métaphysique, mais desquelles ne découlent plus aucune progression, Bruno Dumont n'ayant probablement plus rien à dire.
Inégal, cela va sans dire, pâtissant parfois d'une certaine fixation rhétorique, Hors Satan demeure un film réussi, mais probablement inapte à la postérité, compte tenu de ses erreurs de rythme. Réussite.
Pourtant adepte de bizarreries et d'expérimentations, je n'ai pas du tout accroché à ce "Hors Satan" qui pour moi tient plus du grotesque et de l'escroquerie qu'autre chose. Le scénario se résume en une ligne. Il ne se passe rien et on s'ennuie ferme. Le peu qu'on a à se mettre sous la dent est lassant et répétitif. Une heure de film aurait largement suffi. Reste quelques jolis plans. D'ailleurs, on voit bien que le réalisateur a du talent et qu'il fait de son mieux mais ça ne suffit pas. A éviter.
Pourquoi vivre intensément, avec ivresse quand le calme et la douceur des champs s'imposent en nous avec bien plus de splendeur ? En quoi la rationalité, la principe de réalité seraient-ils davantage crédible qu'une impossibilité réalisée, c'est-à-dire une création dans l'impossible ? .. 'Hors Satan', le titre laissait présagé le pire comme le meilleur et c'est pour moi un juste milieu entre les deux : pessimiste, noir, lent, immobile, le film offre une vision autre de 'la vie', très sombre, rarement joyeuse mais justement parfois accrochée par quelques moments de tendresse ou de beauté rare mais pure.. Les plans fixes, les arrêts, le refus du mouvement et de la vitesse sont à la fois ce qui fait la réussite et l'échec de ce film ; la démarche est intéressante et la réflexion qu'elle propose tout autant mais d'un autre côté, comment ne pas sentir l'ennui poindre ? .. Un spectateur à la fin de la séance s'adresse à la salle en ces termes : 'Quelqu'un a t-il compris quelque chose?' : stupide et lucide à la fois, en effet il faut savoir dans quoi on s'embarque. 'Hors Satan' n'offre pas de réponse et pousse à rechercher les questions qui tiennent sur le fond du fond, métaphysique très souvent et peu ancré dans la réalité d'un spectateur collé à l'écran et incapable d'effectuer la distanciation nécessaire.. C'est ce décalage entre la vie et la mise en scène, la douleur et le refus du larmoyant qui intrigue et surtout les situations scéniques quasi à la 'Beckett' avec une approche du néant, de l'inutile, du sale, du film pour sauver la vie et à la fois quelques perles lumineuses, comme une lumière qui traine sur une eau délaissée.. Finalement 'Hors Satan' me laisse septique, il est tout et son contraire, profondément compliqué à cerner et discerner mais réussit au moins un pari surprenant : un moment de cinéma sur le rien de la vie ( ou presque ) qui en tire toute sa profondeur. A voir en acceptant de passer un moment 'autre', presque un exercice de style hanté par des questions surplombant la base narrative et l'attrait premier du film.. Pour expliciter cela clairement : Il y a le film, ce que l'on ressent, le film à nouveau et l'effort à faire pour extirper du film les questionnements qu'il entraine.
Aux antipodes d’un cinéma purement commercial, cette allégorie du bien et du mal à l’apparente austérité déconcertera les non-initiés à l’univers de Bruno Dumont. On retrouve en effet dans ce film l’essentiel de ce qui fait sa marque de fabrique : un récit épuré à l’extrême, une structure narrative remarquablement élaborée, une photo et une lumière somptueuses, une perfection absolue dans la composition des plans et dans la mise en scène, l’absence d’acteurs professionnels. Ce style si particulier peut ne pas séduire mais personnellement, et ce depuis « La Vie de Jésus », les films de Bruno Dumont ont toujours trouvé écho dans mon cœur de cinéphile.
Une oeuvre resplendissante d'originalité à la mise en scène et aux acteurs aussi irréprochables que la photographie, où la touche de Bruno Dumont est nettement visible. (La critique complète est disponible sur http://alex-torrance.over-blog.com)
Je ne suis pas sûr de toujours saisir les intentions de Bruno Dumont, moi qui aime les films "ambitieux" me voilà servi !
J'ai aimé le précédent Hadewijch mais celui-ci est plus mystique encore...
Bruno Dumont nous dit qu'il n'a pas d'autre religion que le cinéma et il sait mieux que d'autre, nous donner accès au mystère, à l'indicible, à tout ce qui nous dépasse....à commencer par la nature.....
Dans un environnement de pauvreté où le savoir, la connaissance, paraissent absents, on est prêt à croire aux pouvoirs de ce justicier étrange...qui a des points communs avec Jésus!!!!!!
Il donne la vie comme la mort.....
(J'ai trouvé des points communs avec Ordet de Carl Dreyer)
Ses armes: peu de dialogues, pas de musique, le bruit du vent, les pas qui résonnent sur le sable...
Trop de choses m'échappent mais il y a de la grandeur.....
c'est un film très spécial ,on y devine un rapport profond entre le personnage principal et la nature dans laquelle il tire un savoir ancestral . Hors Satan est un bon film avec une qualité d'image remarquable mais qui pourra lasser par la monotonie du récit et les plans interminable sur des scènes inutile . à voir tout de même...
Film complètement barré, il vous faudra une dose de courage et de curiosité pour aller jusqu'au bout de ce long-métrage de près de 2h. Les plans sont interminables (traversées de paysage en plans fixes) et l'on ne sait pas très bien où le réalisateur veut aller. L'histoire n'a pas d'histoire, tout au plus on se demande si le personnage principal n'est pas un exorciste, mais on ne sait pas si on doit le placer du bon coté de la barrière ou non. Il a des réactions étranges, parfois on a l'impression qu'il fait le bien et parfois non, mais ses actions ne demeurent pas vraiment compréhensives. Certaines scènes sont assez crues et violentes et peuvent choquer, la bande son semble sortie d'un camescope (parfois il faut vraiment tendre l'oreille pour entendre les comédiens), et les comédiens semblent amorphes. Laissez tomber tous les schémas traditionnels du cinéma pour vous immerger dans celui de cet auteur mais attention, vous n'êtes pas sur d'y parvenir...
Tout est intéressant dans ce film. Sauf sa longueur et ses longueurs : c'est un court-métrage de 15 minutes avec 1h30 de silences intercalés entre les rares moment où quelque chose se produit. Il y a des limites à ce que le silence peut exprimer, et des limites dans la façon de l'utiliser. Ce n'est pas du conservatisme formel, c'est une exigence minimale pour qu'un film reste un film.
Je comprends que sous l'emprise d'un tropisme mystico-élitiste (ou de substances illicites) on soit charmé par Hors Satan. On écrira alors des choses de ce style : Bruno Dumont réussit à nous montrer l'âme à nu, sans autre artifice que le bruit d'une feuille morte qui crisse et que celui du vent dans les landes du Boulonnais, sans autre moyen que cette mise en scène que certains jugeront austère, mais qui rend sensible par la seule grâce de ses choix primordiaux (cadrage, focale, son, photographie) la puissance d'une transcendance toute pasolinienne, et bla bla bla.
En réalité, je vous le dis, ce film c'est Ribéry filmé par Bergman, ou Antonioni chez les Ch'tis.
Je m'emmerdais tellement durant le film que j'ai testé le jeu suivant : fermer les paupières pendant la moitié de chaque plan, et ne les réouvrir que lorsque la luminosité les traversant indique un changement de plan (jeu rendu possible par le fait que les plans sont fixes, donc de luminosité constante, et longs, trop longs).
Ce n'est pas un jeu facile, d'abord parce que le risque de s'endormir est non négligeable (cela m'est arrivé deux fois), ensuite parce que vous ne savez pas avant combien de temps va durer chaque plan. Le jeu a quand même réussi à me faire patienter les presque deux heures que dure le film, sans que je souffre trop. De plus je n'ai pas raté grand-chose de la narration, ce qui montre bien que le film aurait pu durer 45 minutes sans qu'on y perde.
Hors Satan est affligeant dans ce qu'il expose, le méli mélo Diable / Dieu / vengeance / sexe étant incompréhensible et indigeste au possible. Un point culminant est atteint par le dénouement, qu'on peine à croire possible tellement il est lourdingue. Va-t-il oser ? Hé oui ! Les acteurs ne sont pas professionnels, et je suis triste de le dire, mais ça se voit tellement qu'on en a mal pour eux. On les voit chercher leur marque au sol pour savoir où aller, c'est pitoyable. Rapidement on en vient à souhaiter méchamment la mort brutale de tous ces personnages qui ressemblent plus à des marionnettes conceptuelles qu'à des êtres de chair et de sang, ce qui vu le sujet du film, ne garantirait même pas que ce dernier soit écourté, malheureusement. D'autres critiques sur Christoblog : http://chris666blogsallocinefr.over-blog.com/
Hors Satan est une plongée dans les déambulations plus ou moins mystique de ces personnages taciturnes et tourmentés habituelles à l'imaginaire de Bruno Dumont. Une fois encore, le récit s'avère des plus austères, les silences s'éternisent mais ici tout - ou presque - sonne creux. Le récit est des plus alambiqué, on s'y perd à force ... Un film qui pèche par excès et peine à trouver un quelconque intérêt. Dommage car ce long métrage n'est non plus désagréable, juste un peu lourd !