(Les trois premiers paragraphe sont un peu HS, l'avis réel sur le film débute ensuite
Ma critique reprend le titre qu'Iris Chang avait apposé sur son livre, celle qui dans son ouvrage pionnier racontera avec force le massacre de Nankin, l'orgie de violence dont seuls les hommes sont capables. Oui... La honte européenne on la connait tous, cela dit, la honte nippone a su être masquée, voilà, et ce, pour diverses raisons d'ailleurs. Mais ne les oublions pas. Nankin c'est tout de même l'un des plus grands massacres du XXème siècle qui s'est déroulé en 1937 dans ce qu'on appelait alors la capitale chinoise. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas faire un commentaire historique sur ce drame, sur ce viol de toute une nation.
Mais en même temps, j'en suis bien forcé dans la mesure où bon nombre prônent l'aspect de la propagande pro-Chine et incendient, sans réelle raison, ce film. Oui, certes, par-ci par-là on peut distinguer une ou deux scènes pro-chinoises... Oui et ? Le film est un peu trop manichéen sur les bords ? Le problème c'est que l'Histoire est là, elle témoigne et ceux qui s'arrêtent à ce seul aspect n'ont en réalité sans doute pas dû voir le film ou du moins n'ont pas voulu le voir avec sincérité, il n'y a pas que de "tu es méchant" "je suis bon" en 2h20.
Ensuite, certains ne manqueront pas d'analyser tous les livres historiques pour démonter une pauvre scène d'une dizaine de secondes du film, en martelant que "ça ne s'est pas passé comme ça !"... C'est un film. C'est du cinéma. Ca nous raconte une histoire. Certes c'est inspiré d'une histoire réelle, mais c'est un film ! Regardez ARTE si vous voulez un documentaire sur le massacre de Nakin ! (Par ailleurs, je n'ai rien contre ARTE) Ici, on regarde un film et donc nécessairement une histoire qui ne respecte peut-être pas à 100% la réalité, l'équipe de tournage ne doit pas avoir Bac 8 en la matière pour réaliser un film aussi troublant, touchant et épatant.
Alors maintenant que j'ai perdu tout le monde au bout de trois paragraphes, toi qui me lit encore, ne t'en va pas de suite, j'y arrive.
Zhang Yimou est parvenu, en s'appuyant sur cette horreur sans nom, à réaliser un film serti des plus grandes qualités dont il est capable.
1. La photographie est tout simplement magnifique, cette dualité entre le monde extérieur de la cathédrale et l'intérieur est saisissante. Opposition des couleurs, opposition des contrastes, opposition d'humeur, et ce, alors que le monde extérieur et intérieur vivent un même drame.
Dans la réalisation, de belles choses sont mises à l'écran, des jeux de couleurs (cette robe blanche...), des symboles (j'y reviendrai rapidement plus bas, mais vraiment très rapidement, inutile d'en faire une liste exhaustive), des mouvements de caméra (notamment lors de la scène où deux femmes se font poursuivre, on a la drôle d'impression d'être la troisième personne au coeur de cette course effrénée), peu de choses ont été laissées au hasard et on ne peut que saluer tout les efforts investis.
2. La beauté des images est à la hauteur de la celle des personnages, notamment de ces femmes. Alors bien évidemment, comme à son habitude, Zhang Yimou réalise une ode à la beauté femmes, tant dans leur pacifisme que dans leur volonté de transcender leurs différences sociales. L'évolution de John est également attrayant, même si elle est loin d'être la plus intéressante. Cela dit, l'officier japonais, dont j'ai oublié le nom mais vu qu'on en voit qu'un il n'y aura pas de quiproquos, est primordiale, malgré ce que l'on pourrait croire, et est d'ailleurs la petite touche anti-anti-japonais, en gros, que ce film n'est pas si manichéen que cela, encore faut-il s'attacher aux détails. Petit bémol sur les fillettes auxquelles davantage de profondeur et d'identité manquent cruellement.
3. C'est un film complet : on peut y avoir le coeur qui bat à 200, puis rire, puis peut-être pleurer, entre-temps, avant d'avoir peur puis ensuite réfléchir, s'attrister, sourire, espérer, désespérer. Tout cela joliment amené, les liaisons sont douces et maîtrisées.
4. La musique est parfaitement ajustée, en totale synergie avec le film, absente quand il le faut, présente et puissante lorsqu'il est nécessaire de décupler l'émotion. D'autant plus qu'il s'agit d'un film chinois et qu'il est toujours plaisant d'entendre quelques mélodies exotiques.
5. Film rempli de symbolismes, certes la fin est peut-être prévisible, mais de petits détails, tout au long du film, mérite attention et réflexion. Notamment ce Maneki-neko offert par cet officier japonais, sa signification m'interroge encore, tant cette statuette représente beaucoup pour les chinois et japonais. Est-ce un signe de compassion de la part de l'officier, une mise en garde à l'encontre de John, un clin d'oeil pour lui dire qu'il est au courant de la supercherie... Chacun ira de son interprétation, tant qu'à moi j'ai ma petite idée.
Ca a été une réelle surprise, les films chinois je n'en suis pas fan, je l'ai regardé davantage par curiosité qu'autre chose, j'apprécie cette période de l'Histoire et suis donc toujours enclin à découvrir un film l'utilisant pour sa trame. En espérant qu'un jour ce film puisse faire sa sortie en France.