Avis sur Vibrations sexuelles

Tiens, un film totalement pas attendu que ce moyen-métrage d’un peu plus de 40 minutes, pornographique, mais plutôt pas mal ! En fait ce qui est assez étonnant c’est qu’il y a un scénario (j’y reviendrai !), que c’est plutôt divertissant, et que ça dure pourtant moitié moins que pas mal de films X qui ne raconte rien !
Ok, l’histoire ne casse pas des briques, mais elle est là : un type confie ses rêves sexuels à sa psychanalyste, et finalement de fil en aiguille ils tombent amoureux, se marie, et ça se termine par la nuit de noce. Bon, c’est sur ce n’est pas dégrossi, mais c’est déjà ça de pris, et en plus le film est assez léger, avec quelques moments drôles voire poétique, puisque Rollin nous trimballe dans Paris avec le jeune couple candide le moins candide du monde : Brigitte Lahaie et Alban Ceray !
Et oui, car ce sont les deux acteurs principaux, les deux pointures du cinéma X français jusqu’aux années 80 en gros ! Lahaie est magnifique et magnifiquement filmé, Ceray fait du Ceray, c’est-à-dire qu’il est finalement peut-être meilleur acteur lorsqu’il a à jouer la comédie que lorsqu’il fait du porno (soyons franc, il n’a rien d’un séducteur !). Ils ont des répliques, ils doivent produire du jeu, et dans un porno français des années 70 ce n’est pas une petite affaire ! J’ai trouvé leur jeu assez proche de ceux des acteurs d’un film d’Emmanuel Mouret, avec des dialogues très écrits, qui sonnent assez artificiels, et une déclamation théâtrale marquée. On sent que les deux n’ont pas une grande expérience de comédiens « normaux », mais leur candeur fait plaisir !
Rollin s’amuse aussi visiblement. De bonnes scènes porno (mais c’est quand même du vrai hard, faut être un adepte), une ballade sympathique dans Paris, et une vraie sensualité. Ça fait plaisir que Rollin ne se soit pas laissé enfermer dans le hard le plus dur, et distille aussi à côté des scènes érotiques ou de séduction plus légères, histoire de donner un peu plus de classe à son métrage. A noter une bande son pas mauvaise, mais alors très très répétitive !
En fait Vibrations sexuelles est un porno qui fait sans doute partie du haut du panier du genre dans les années 70. C’est très étrange car j’imaginais le moyen-métrage bâclé vite expédié, mais au bout du compte Rollin, épaulé par deux solides représentants du genre livre un métrage très hard, mais proprement emballé, et qui essaye de se démarquer du tout-venant avec une histoire, des dialogues, et une certaine structuration. En plus l’humour et la légèreté sont digestes, ce qui dans le porno franchouille des années 70 est à souligner très notablement ! Je donne 4, pour ce qui est sans doute le meilleur X de Jean Rollin !