Capable du meilleur comme du moins bon, je n’irais pas jusqu’au pire, Antoine Fuqua réalise son film de boxe, genre à part entière. L’enfer du ring, l’enfer d’un leadership sans cesse remis en cause, de Rocky à Raging Bull, en passant par Ali ou Fighter, le thème semble éculé, usé jusqu’à la corde. C’est pourtant avec un certain plaisir que l’on redécouvre sans cesse cet univers sportif, ce monde des poings gantés, malgré le manque évident de surprises au menu. L’intérêt, presque toujours, de ce type de film, toujours composé d’un part de combats et de destins hors du ring, c’est l’acteur qui prend les gants. Jake Gyllenhaal, pour l’occasion, renforce sa musculature, déploie une rage insoupçonnée et performe comme on ne l’en pensait pas capable dans un tel domaine. L’acteur est donc l’intérêt majeur du long-métrage, sa performance impeccable, physiquement impressionnante, permettant à La Rage au ventre, Southpaw pour les puristes, de ne pas tomber dans la stricte routine pressentie.
Quand bien même l’acteur n’est pas seul à l’affiche, il domine de trois têtes la concurrence, à l’exception peut-être d’un Forrest Whitaker touchant, comme à son habitude. Rachel McAdams, atout charme assumé, ne s’illustre finalement que de par son physique, postulat ingrat pour une actrice aux talents indiscutables. Antoine Fuqua parvient à remplir son contrat en grande partie du fait de l’investissement de son comédien principal, un acteur caméléon qui enchaîne les exercices, aussi variés soient-ils, avec une aisance remarquable. Si son personnage n’est pas ici un modèle de charisme, Jake Gyllenhaal assure le show de par sa puissance athlétique. Les combats, seuls réels moments de tension, avouons-le, du film, sont quant à eux très bien filmés et laissent une impression réaliste implacable. Si l’acteur y est pour beaucoup, avouons que le cinéaste a, pour l’occasion maîtrisé son sujet.
Mais lorsque l’on sort du ring, la tension retombe comme un soufflet. Le drame familial qui plombe littéralement le champion qui nous intéresse, la mort de sa tendre femme, le placement en foyer de sa fille, ne semble pas pouvoir captiver, à l’exception des derniers instants, paradoxalement les plus archétypaux qui soient. Une histoire de rédemption comme Hollywood aime nous en proposer à grands coups de pelle, il n’est finalement question que de cela. C’est limpide, simpliste dans la forme, facile à suivre. C’est américain, par-dessus tout. Le héros, aussi tourmenté soit-il, ne finit-il pas toujours par retrouver la grâce? Peu importe, semble-t-on nous dire. Oui, de nos jours, la conclusion ne semble pas primordiale. C’est le chemin qui prime. L’héroïsme se ressent ici dans les obstacles moraux à franchir, parallèlement à une carrière sportive qu’il s’agit de rebâtir.
Derrière ce scénario des plus basiques se cache Kurt Sutter, showrunner à succès des sept saisons qui auront composés Sons of Anarchy. Le scénariste évolue ici dans une forme de facilité décevante. Heureusement pour lui, Antoine Fuqua et Jake Gyllenhaal apportent nombre de plus-value à son histoire comme il y en a tant. Finalement, par le biais d’une analyse globale, La Rage au ventre s’avère être un film satisfaisant, voire même, par instant, un film impeccable. Dommage du manque d’originalité dirait simplement certains. Dans tous les cas, le film est un maillon important dans la carrière de son acteur principal. 13/20
PS. Accessoirement, au cinéma, Curtis 50Cent Jackson devrait laisser sa place!