J'ai longuement entendu parler de "La Rage au ventre"; en bien comme en mal, d'ailleurs. Mais voyez-vous, comme toute personne normale, j'avais envie de me faire mon propre avis, de voir ce que le film vaut réellement. N'ayant pas pu le voir à sa sortie, j'ai attendu, et attendu, et attendu, au point de l'oublier et de me concentrer sur autre chose. Mais le 13 janvier, je m'y suis enfin lancé. Qu'en ai-je donc pensé? Etrangement, je suis à la fois satisfait et dessus, comme si le résultat ne me convenait qu'à moitié. Et c'est le cas : il ne m'a pas totalement convaincu, et je vais vous dire pourquoi, mais chaque chose en son temps. Je dois reconnaître à l'oeuvre une forte efficacité, notamment dûe à la qualité de sa mise en scène, quoi que tout à fait relative. J'entends par là que l'on aimera, ou l'on n'aimera pas le travail de Fuqua; de ce point de vue là, rien de nouveau sous le soleil. Seulement, son boulot m'a tout de même laissé de marbre; je lui reconnais des qualités esthétiques, mais le manque de stabilité de la caméra, et les filtres ternes et dégueulasses de l'image m'ont quelques peu rebutés. Et c'est vraiment dommage, parce qu'il n'y a pas de doute que la réalisation avait du potentiel; j'ai notamment apprécié son aspect très intimiste, proche son héros. Tout du long, c'est lui que l'on suivra ( sa fille aussi, mais c'est accessoire ), non pas quelque personnage secondaire sans importance. Et justement, parlons en, de son héros. Jake Gyllenhaal est extrêmement convaincant dans son personnage; il y croit, s'y croit et se croit à la remise des prix des oscars. En soit, sa détermination est plutôt admirable : il veut réussir et atteindre le sommet. Tout comme son personnage, en fin de compte. Mais un autre acteur l'aide à s'emparer de son personnage, à lui donner de la profondeur, à le rendre attachant : l'excellent Forest Whitaker, que j'apprécie tout particulièrement. Une fois de plus, l'homme est irréprochable; son interprétation est belle, intense, touchante. Il parvient même à donner de la personnalité à son personnage, de part ses mimiques et sa manière de se mouvoir, de parler, d'être. J'aimerai revenir, avant de terminer sur le dernier point important concernant le film, sur le travail de Fuqua; je me suis emporté sur les acteurs, je n'aurai pas dû. Mea Culpa. C'est pûrement personnel comme remarque, mais j'ai trouvé, pour conclure sur l'efficacité du truc, que la mise en scène de Fuqua montrait particulièrement bien les combats. Bien chorégraphiés, ils s'avèrent spectaculaires, intenses, dynamiques; d'ailleurs, le ton très réaliste de l'oeuvre pourra plaire. J'ai aimé, mais je comprends que l'on puisse n'avoir pas apprécié. Le soucis, c'est que tout ce que l'on a précédemment évoqué est principalement bousillé par la rédaction de l'oeuvre. Non seulement ça manque de finesse, mais en plus c'est terriblement cliché. Au bout d'un moment, j'ai envie de dire qu'il y en a marre d'avoir des Rocky-like; innover serait quand même un minimum bienvenu, quoi ... Non parce que quand tu vois la gueule du scénario, tu te dis vraiment que c'est du déja vu. Non seulement ça pompe les bases instaurées par Rocky, mais en plus ça le fait de la pire des manières, sans ne jamais chercher le moyen de se démarquer du reste des films du genre. J'avais un peu l'impression de me trouver, parfois, devant un Fighter-bis, tant le ton est similaire, et la résolution identique. C'est stupide, mais ce sentiment revient constamment dans l'oeuvre, brisant complètement l'immersion promise, et permise, par Fuqua. De plus, faut bien avouer que le film manque de finesse dans son propos : les ficelles narratives sont grossières, répétitives, déja vues. C'est prévisible à trois mètres, comme 90% des films du genre. Leur conclusion même n'est guère surprenante; là encore, c'est tout tracé depuis l'instant où ça a commencé. En résulte donc une prise de risque, et un terrible constat : "rien de nouveau sous le soleil..."