Émouvant, poignant, puissant ! Trois mots qui claquent. Le socle d'un film fort.
Antoine Fuqua, le réalisateur, cherche l'uppercut, celui qui met K.O. et te rétame dans la salle. Son jeu de jambes rapide et complexe t'envoie dans les cordes bien avant le douzième round. Te relève pas, tu vas en prendre une autre.
En plus, il s'est bien entraîné pour faire couler les lacrymales le bougre. Ou alors il a des stocks-options chez Kleenex. Car la boxe par Fuqua, ça mouille les yeux. Et c'est sur un scénario à gratter au couteau de Kurt Sutter (co-producteur sur "The Shield" et créateur des "Sons of Anarchy") que vous allez encaisser ce mélange de directs et de coup bas.
La réalisation est clinquante, soignée, maîtrisée. Fuqua a mis ses habits de lumière pour mieux éblouir les chanceux qui iront voir le film.
Un film qui te prend aux tripes et ne te relâche qu'une fois exsangue. Abandon, souffrances et rédemption, voilà le chemin de croix que va traverser Billy Hope, le personnage principal, champion du monde de boxe au sommet de son art et de sa gloire, qui va voir son monde s'écrouler suite à ses débordements colériques.
Tel Job, personnage malheureux et éprouvé de l'Ancien Testament, affligé de tous les maux, il va tout perdre pour mieux reconstruire son destin brisé.
À la base, c'est le rappeur Eminem qui devait jouer le rôle principal mais c'est finalement le sémillant Jake Gyllenhaal qui s'en est emparé avec maestria. Du coup, double bonus pour le spectateur qui récupère un acteur de génie et une bande-son aux petits oignons. Elle est pas belle la vie ?
Jake Gyllenhaal joue chaque rôle comme si c'était son dernier. Il remet son titre en jeu à chaque film. Excusez du peu.
Petit à petit il se forge une carrière de champion du monde des mi-lourds chez les acteurs. Nul doute que les lourds c'est pour bientôt ! Allo Oscar, j'ai un tuyau pour toi mon ami.
D'autant que Jake s'est donné les moyens en subissant un entraînement intensif lui faisant prendre jusqu'à 7 kilos de masse musculaire. Il faut le voir sourire à son adversaire pour le défier, la gueule en sang, le regard halluciné et possédé pour comprendre que l'acteur s'est fondu corps et âme dans son rôle.
Le casting est dingue parce qu'à Gyllenhaal, s'ajoute Forest Whitaker, acteur hors catégories (je ne ferai aucun commentaire sur les poids lourds le concernant) qui nous délivre une prestation magistrale, lunaire, comme il en a le secret. Ce type est un comédien magnifique qui englobe l'écran de sa présence comme une couverture chaude et rassurante.
Bien sûr le film n'est pas exempt de défauts utilisant souvent de grosses ficelles pour mieux nous émouvoir. Kurt Sutter est plus subtil dans ses épisodes de "Sons of Anarchy". Mais la formule fonctionne, le film est exempt de cynisme et joue la carte de l'émotion. Ce n'est pas si fréquent. Allez mon pote, monte sur le ring ! 4/5