Lee Daniels, réalisateur de "Paperboy" et "Precious", nous offre cette fois-ci un film sur l'esclavage et la tyrannie ségrégationniste avec "The Butler", une œuvre inspirée de l'histoire vraie d'Eugene Allen. "The Butler" est une œuvre profonde par son sujet et intelligente par sa mise en scène réussie, mais elle n'est pas pour autant véritablement passionnante. La politique et les conflits raciaux étant les principaux sujets, Lee Daniels se devait de les traiter avec justesse et de proposer une fresque humaine et profonde, et c'est bien ce qu'il a fait. L'histoire est bien écrite et aborde parfaitement ses sujets et thématiques traitées. Le message politique qu'il met en valeur tout le long du déroulement est très fort et interroge sur l'actualité aux Etats-Unis. Mais des longueurs scénaristiques se font malheureusement ressentir. Linéaire, littéraire et fort, le scénario est cependant, et on ne peut le nier, d'une grande qualité d'écriture. Les personnages retranscrits à l'écran sont intéressants à suivre et brillamment incarnés par de grands acteurs. Forest Whitaker ("Southpaw") interprète Cecil Gaines, le personnage principal et torturé avec émotion et fierté. Autour de lui viennent jouer Oprah Winfrey ("12 Years a Slave"), Cuba Gooding Jr ("Machete Kills"), Lenny Kravitz ("Hunger Games"), Alex Pettyfer ("Magic Mike") et Terrence Howard ("Prisoners"), tous très convaincants et drôles. Puis vient les plus grands : Alan Rickman ("Robin des Bois Prince des Voleurs"), le regretté Robin Williams ("Absolutely Anythings"), Liev Schreiber ("Ray Donovan"), John Cusack ("Maps to the Stars"), Jane Fonda ("Youth"), James Mardsen ("Henchman") et enfin Vanessa Redgrave ("Foxcatcher"). Bref, l'un des plus incroyables castings de toute l'Histoire du Cinéma. Lee Daniels dirige ses comédiens avec une grande précision, tout comme sa caméra. La réalisation de ce film est magnifique. Il filme cette leçon d'histoire avec fluidité et nous livre des plans recherchés et travaillés. Plans séquences, hors champs ou même plans contre plans, tout est très bien millimétré et bien géré. La musique composée par Rodrigo Leâo est elle aussi plutôt bonne malgré une trop grande discrétion. Les décors, les costumes d'époque et autres objets sont quant à eux très bien fournis et utilisés. La retransposition de l'époque est vraiment bien faite et réaliste. Les changements de décors que nous voyons à l'écran sont parfaitement bien transposés et mis en scène malgré un montage parfois hasardeux. Très intelligent, poignant et bien réalisé, "The Butler" est un film fort et long, auquel on peut aussi se référer au "Lincoln" de Spielberg.