18 années séparent La Mémoire dans la chair et Le Roi de Paris, précédent long métrage de Dominique Maillet.
La Mémoire dans la chair est le deuxième volet d’une trilogie consacrée à l’identité. Il fait suite au Roi de Paris dans lequel Philippe Noiret incarnait un illustre acteur de théâtre. Mais ici, nous ne sommes plus à Paris mais en Espagne, comme le raconte l'homme derrière les deux films, Dominique Maillet : "Il s’agit cette fois de l’Espagne de 1975 qui vit avec angoisse ou espoir (c’est selon), les dernières heures d’un Franco agonisant. Cette fois, c’est l’Histoire avec un grand "H" qui a volé son identité au héros, un fils de Républicain réfugié en France depuis quinze ans et qui croit revenir chez lui pour enterrer son père tout juste mort dans les prisons franquistes."
Seul un Français pouvait réaliser La Mémoire dans la chair, selon Dominique Maillet : "Cette histoire ne pouvait pas être filmée par un Espagnol car le décalage dû à mon statut d’étranger traduit d’emblée - je dirais presque "viscéralement" - la distance qui s’est installée à son insu entre Tomás et ses propres racines."
Le film ne suit aucun ordre chronologique. Selon Dominique Maillet, l’intérêt du film repose "sur cette coexistence permanente du passé et du présent, du réel et de l’imaginaire, de la mémoire et du fantasme".
Le film se situe en Estrémadure, région du sud de l'Espagne, très peu représentée au cinéma. Dominique Maillet a choisi cette région pour "éviter les clichés" : "Il me paraissait au contraire plus intéressant d’imaginer cet affrontement en ville et au quotidien, sur et autour de l’une des nombreuses places entourées d’arcades où les corridas se sont longtemps produites en Espagne. Le jour où j’ai découvert la Plaza Chica de Zafra qui correspondait exactement aux dimensions et à l’architecture dont j’avais rêvé pour le film, j’ai compris que je tournerai ce film en Estrémadure", confie le metteur en scène.
Dominique Maillet revient sur le casting du film : "Il me plaît que Tomás, personnage fragile et intellectuel, soit interprété par un acteur massif et comme taillé dans le roc (Sergio Peris-Mencheta). Quant à Féodor Atkine, c’est une mécanique de précision à faire pâlir d’envie tous les horlogers suisses. J’aime les acteurs capables de transcender un personnage et dans ce registre, Féodor est l’un des plus grands."