Un film très original qui aborde un sujet délicat, comme toujours dans le cinéma de Sciamma. On est une fois encore à la frontière de la sexualité ou de la naissance de la sexualité, comme dans le très réussi « Naissance des Pieuvres ». Ici le thème est encore plus d’actualité et plus tendancieux, car on aborde le sujet de « la théorie du genre », et de ce qui différencie le garçon de la fille, Est-ce que cette différence est sociale ou génétique ? Est-ce que la société nous conditionne tout petit. On devine bien sûr la position de Sciamma qui s’exprime sur le sujet, et on pouvait craindre un manifeste didactique. Le film reste mesuré et s’attache réellement à ce personnage, cette petite fille, qui joue d’ailleurs remarquablement bien. On découvre ses envies de masculinité, sa détresse, ses hésitations, ses angoisses. La difficulté à nommer et à exprimer ce qu’elle ressent. Il y a heureusement sa petite sœur qui la protège et la comprend. Beaucoup de scènes de groupes d’enfants qui jouent à la campagne, car nous sommes en été, et il y a des jeux d’eau, c’est très bien filmé :bucolique, un peu naturaliste , on retrouve le style des années 30 de Renoir . La mère découvrira le pot aux roses et sans méchanceté, obligera la fille à avouer son mensonge à ses camarades et surtout sa meilleure copine, amoureuse du garçon. C’est assez violent sur le fonds (on avait déjà ce sujet dur de la transgression dans la « Naissance des pieuvres »).On comprend bien la difficulté pour ces êtres « androgynes » , d’accepter leur différence , et l’on devine l‘implication personnelle de Sciamma. Mais la réalisation est belle , sobre , intense , bien maitrisée , et la direction d’acteur est surtout remarquable , un vrai savoir faire maison, rappelons que c’est Sciamma qui donnera sa 2eme opportunité à Adèle Haenel dans « Les pieuvres » ( après le remarquable mais controversé " Les diables" deC. Ruggia,), et que cette jeune actrice remportera ensuite deux Césars consécutifs (2014 et 2015).