Bonsoir, et bien, j'ai été voir ce film et honnêtement, je trouve qu'il y a du 'positif' et du 'négatif' :
oui, évidemment, le sujet qui est traité (la transidentité transsexuée de Michaël) l'est fait de manière généralement neutre dans le film mais le gros point 'négatif' c'est que cela s'évapore totalement dans les derniers instants du film pour laisser place au couperet traditionnel et mortifère de la morale hétérosexiste comme quoi ne pas être en accord avec le consensus plus ou moins généralisé, comme quoi ne pas pouvoir être atteindre l'adéquation entre le biologique (le corps de naissance) et l'identité de genre de la personne était nécessairement source de condamnation légitime de la part du tout venant. Dans cette famille, ouvertement transphobe et qui laisse éclater sa haine, son oppression, son endoctrinement, sa violence martyrisante, terrorisante et tyrannique dans les instants du film se fait jallir aussi bien au travers du rejet manifeste de la mère concernant son fils que concernant l'absence flagrante et complice du père de l'enfant. Fort heureusement, Michaël peut au moins se reposer, plus ou moins sur le soutien de sa soeur, jeune mais franchement ouverte. C'est déjà ça. Quant à Lisa, la supposée petite-amie de Michaël, là non plus, il n'a pas été gâté : elle aussi se porte garante de son viol, pur et simple en acceptant tacitement de le tripoter devant tout le monde, pour rassurer les morales bien pensantes et hétérosexistes de la bande de 'copains'. N'oublions pas que Michaël n'a été violé que par l'outing de sa propre mère et par la complicité de son propre père et par le coup de grâce, le manque d'affirmation, le consensualisme, la transphobie, doublée de lesbophobie de la part de Lisa. Dommage, vraiment dommage de tomber dans cet éceuil. Cet écueil bien connu à la Priscilla folle du désert, à la Boys don't cry, à la Ma vie en rose : comme si être TS signifiait nécessairement être une victime, se faire broyer par les autres, par le système, par la société, par la morale, par la religion, par ses parent-e-s, par ses compagnons / ou compagnes, suivant le cas, par tout et tout le monde, pour résumer.
Bonne idée, cela dit, de penser à traiter le sujet, comme dans le cas de Ma vie en rose, de traiter le sujet de la transsexuation dans le monde enfantin, ça évite des 'explications', des justifications, davantage de 'dissimulation', en effet, Michaël est pré-pubère et ce faisant, il va sans dire que le corps qui lui est biologique n'a pas encore muté et donc que sa situation n'est pas du tout celle d'un aîné ou d'une aînée d'ailleurs. Disons que qqp son 'passin'' (sans vouloir faire trop jargonneux) est plus ou moins facilité par les dispositions biologiques ainsi que par l'androgynie de la pré-puberté.
Un grand dommage également que tant de 'spoilers' aient été faits à l'encontre de ce film : il serait préférable de le voir sans en avoir entendu parler (je veux dire, par rapport à l'intrigue). Parce que lire un résumé erroné au sujet du film nous rabattant déjà les oreilles sur la transidentité de Michaël et afficher clairement qu'il est TS, ce n'est franchement pas très délicat ou respectueux comme façon de présenter le film. L'"outing" a ça de détestable qu'il met en péril justement la personne qui est "outée" et la laisse en proie à la haine de tout son environnement.
Donc, on en revient au consensualisme de ce film, malgré des intentions louables de rester neutre : il va jusqu'à banaliser ces violences transphobes, lesbophobes aussi, voire jusqu'à les légitimer. Contrairement à ce que l'on peut voir et entendre dans l'excellent film Ma vie en rose, où là, même si, au début, la famille entourant l'enfant ne comprend rien, est violente, elle évolue vers une ouverture d'esprit et ne va certainement pas exposer l'enfant dans un cadre aussi dangereux, périlleux, mortifère (crime de haine / suicide de désespoir par transphobie manifeste ressentie).
Bref, hélas, il ne fait qu'illustrer la triste et déprimante réalité : il est ardu de vie sa vie en tant que TS car rien n'est facilité.
Il manque qqc, qui est capital dans un film aussi important et dont on a cessé de tarir d'éloges : l'ouverture, le message de paix, d'acceptation, d'affirmation de soi.