Ah j'avoue que c'est avec plaisir que je retrouve Céline Sciamma au cinéma tant sa "Naissance des pieuvres" m'avait enthousiasmé ! D'ailleurs, on remarque très vite la patte du maître dès les premières minutes de ce nouveau "Tomboy". Il y a tout d'abord une réelle légèreté de la réalisation traduite par une photographie suave et surtout par cette écriture très « premier jet » qui donne une réelle spontanéité au récit. Mais à cela s'ajoute aussi une magnifique authenticité, ceci étant dû à une remarquable direction d'acteurs car – ici encore – malgré le jeune âge du casting, Céline Sciamma sait donner un véritable souffle à ses échanges et à ses dialogues, chose qui manque trop souvent au cinéma français. Ainsi, "Tomboy" peut se vanter, selon moi, d'être un film qui dispose d'une réelle personnalité et qui traduit un véritable savoir-faire. Seulement voilà, la bande-annonce n'aidant pas, j'avoue que je n'ai pu m'empêcher de me frustrer face au manque d'enjeu dramatique du film : ce qu'il gagne en authenticité à être simpliste, il le perd en dynamique à diluer les principaux ressorts de son intrigue. Ainsi, alors que "Naissance des pieuvres" parvenait à construire progressivement son cheminement sans réel temps mort, "Tomboy" m'a laissé souvent sur quelques scènes qui s'étendaient trop largement à mon goût sur chaque étape de la construction identitaire du personnage central. Ainsi, et comme souvent avec le « cinéma d'auteur », je ressors de là en ayant l'impression que le film s'arrête au moment où il devrait pleinement commencer. On reste au simple constat d'un instant plutôt que dans le questionnement d'une dynamique. Alors certes, j'en ressors malgré tout heureux, exposé que je fus à l'univers charmant que ce "Tomboy" propose, mais je ressors aussi insatisfait face au temps perdu à illustrer de nombreux détails – avec beaucoup de subtilité certes – mais qui du coup abandonne la possibilité laissée au film d'aller plus loin dans son propos. Je sais qu'en disant cela, les adorateurs du film ne comprendront certainement ce que je pouvais attendre de plus de ce "Tomboy", il n'empêche malgré tout que ce sentiment fut réel et que par conséquent il a joué sur mon ressenti personnel. Ainsi, ceux qui, comme moi, on une réelle exigence de densité dans un film, dites-vous que ce "Tomboy" ne vous déplaira pas forcément mais risque de vous frustrer gravement. Cependant, pour les autres qui se contentent juste d'aller au cinéma pour y trouver des instants déroutants mais authentiques, alors ne perdez plus votre temps à lire cette critique, et faites confiance au talent de la grande Sciamma pour vous faire un film honnête comme il faut...