Le dernier Luc Besson est un biopic d’Aung San Suu Kyi, une femme qui a résisté seule face à la junte militaire faisant régner une dictature féroce en Birmanie. Prix Nobel de la Paix 1991, elle résiste depuis maintenant 30 ans et n’a de cesse de s’opposer pacifiquement afin de réinstaurer la démocratie dans son pays natal.
Le film se focalise essentiellement sur les 10 premières années de son combat. Mariée à un anglais, mère de deux enfants et résidant à Oxford, Suu revient à Rangoon pour visiter sa mère grièvement malade. Elle est alors témoin de l’oppression régnant sur son peuple, exercée par un dictateur superstitieux et paranoïaque. Les étudiants sont abattus dans la rue et les Droits de l’homme sont régulièrement bafoués : meurtres, emprisonnements, tortures. Fille d’un ancien héros Birman, Suu se retrouve bientôt devant des responsabilités qu’elle n’avait pas escomptées et se voit déchirée entre sa famille et son pays.
The Lady est un beau film, correct, sans plus. Beau, car entre autres tourné en Thaïlande (mais discrètement, pour des raisons diplomatiques évidentes au vu de la proximité des deux pays qui partagent une frontière de près de 1000 Km). Michelle Yeoh et David Thewlis se partagent sans jalousie l’écran, tous deux magnifiques à leur manière, fidèles à eux-mêmes.
Pourtant, avec un tel sujet, Luc Besson aurait pu pourtant en faire un faire un grand film. Premièrement, il aurait pu se lâcher en paysages, un peu à la manière de Jean-Jacques Annaud (je n’ai eu de cesse de repenser à 7 ans au Tibet et au Dalaï-Lama prônant la non-violence face à l’oppression chinoise).
Mais surtout, j’ai regretté l’angle choisi : en nous présentant son film (j’étais à la première séance aux Halles et Luc Besson était présent), le réalisateur nous a fait part d’une volonté de se focaliser sur la force et la fragilité émotionnelle de cette femme. Ce point de vue se traduit par un focus très fort sur sa famille (son mari et ses deux enfants) et le déchirement occasionné par la distance : les coups de téléphone coupés au bout de quelques minutes, l’absence, la peur de voir ses proches blessés, la maladie, etc. Ce qui rend ce traité intéressant, c’est effectivement le paradoxe habitant cette petite femme de 50 Kg, si fragile, et si forte, incarnant à elle toute seule l’espoir de tout un peuple.
Malheureusement, ce choix implique également que l’émotion est mise en avant au détriment de l’information et du sort général de ce pays, je dois avouer avoir été très déçue de ce point de vue. Nous en apprenons très peu sur la situation politique et l’histoire birmane, et ressortons de là avec le sentiment de rester sur notre faim.