C’est le combat d’une vie…
… pour la liberté d’un peuple à s’exprimer. Le combat d’une femme qui depuis des années n’a pas fléchi à un seul instant dans ses valeurs et sa détermination pour que le peuple birman puisse obtenir une démocratie non contrôlée par la junte militaire au pouvoir. C’est l’histoire d’une Révoltée comme on en voit de plus en plus de nos jours et qui a tout sacrifié pour que ces idées se fassent entendre…
Trop souvent on oublie ce qu’il se passe chez nos voisins. Trop souvent les médias font l’impasse sur l’actualité importante, mais depuis le début de la semaine la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) a été officiellement reconnue (voir ici). Le parti politique de Aung San Suu Kyi peut désormais présenter des candidats aux prochaines élections législatives partielles qui doivent ce tenir d’ici quelques mois en Birmanie. Ces nouvelles ne peuvent que réjouir mais certaines choses ne peuvent se faire oublier, et The Lady est pour moi une œuvre de mémoire, pour que tous puissent se souvenir que la force d’une unique personne peut faire changer le cours de l’Histoire d’une nation entière.
Cette force de Aung San Suu Kyi est si sublimement mise en lumière par Michelle Yeoh. Celle-ci arrive à nous faire ressentir en chaque parcelle de notre corps, l’émotion qui est sienne en interprétant cette femme. Rien en nous ne peut rester indifférent face à l’Histoire birmane, et aussi bien la tristesse que la détresse de Aung San Suu Kyi fondent en nous pour nous imprégner d’une atmosphère pesante et lourde en émotions. On ne peut que rester stupéfait et admiratif devant le courage et la détermination de Aung San Suu Kyi. On se réjouit lorsqu’on la voit sourire et les tripes se resserrent dans les autres moments, mais on est marqué par ce qui nous est mis devant les yeux.
Mais il ne s’agissait pas d’un combat que Aung San Suu Kyi mena seul. C’est aussi l’histoire d’un homme amoureux, un mari, un père, Michael Aris qui pendant des années n’a eu de cesse de soutenir sa femme en menant un combat tout aussi important auprès des hautes instances mondiales pour permettre de donner une plus grande visibilité à Aung San Suu Kyi sur la scène internationale. C’est David Thewlis qui interprète avec brio le rôle de Michael Aris, réussissant à mettre en exergue le courage qu’il lui a fallu à sa manière pour soutenir sa femme et faire en sorte que son combat soit reconnu. La force de cet homme, qui jusqu’à la fin essayera de revoir son épouse malgré son cancer et ne voulant être un poids pour elle.
Il y a de l’autre côté le film en lui même et les scènes qui nous sont projetées. Dès les premières minutes, le film nous prend au cœur violemment avec l’assassinat du Général Aung San, le père de Aung San Suu Kyi. On se remémore en quelques secondes les images qui ont précédé, celle d’un père aimant racontant à sa jeune fille de deux ans que son pays était une grande nation autrefois. Les images s’opposent, le choc s’installe, et jamais il ne s’arrêtera ! On se questionnera pendant tout le film, et les heures suivant le film sur comment un tel déchainement de haine et de violence peut se produire. Puis on se repasse comme un deuxième film les images dans la tête. La répression des étudiants au moment même où Aung San Suu Kyi est au chevet de sa mère malade à l’hôpital central de Rangoon, et la détresse de ces jeunes fasse à la barbarie la plus complète et la plus animale de la part d’individus pensant avoir le droit de vie ou de mort sur les autres. On accélère un peu, et on arrive à l’instant où Aung San Suu Kyi est mise au courant du sort réservé à celles et ceux qui la soutiennent… Certains seront emprisonnés dans des cages aux côtés des chiens, tandis que d’autres seront amenés sur des terrains minés, pour avancer, en ligne, et mourir dans d’atroces souffrances au contact direct de ces engins de mort… Encore un peu plus loin, quand Michael Aris reçoit pour sa femme le prix Nobel de la paix et que l’on contemple avec émotion Aung San Suu Kyi écoutant le discours de son fils ainé à la radio… Et tant d’autres encore qui reviennent à vous pour continuer à vous faire questionner sur cet événement précis, mais aussi sur tout le reste…
Luc Besson signe ici une œuvre sublime qui se veut être un reflet non violent d’une Aung San Suu Kyi ayant toujours prônée la non violence dans son combat depuis des années. Décidant de mettre en avant la vie de cette femme et de rentrer dans son intimité, plutôt que dans faire un brulot à l’encontre de la junte au pouvoir, Besson s’axe sur un registre plus dramatique et personnel. On pourra lui reprocher un côté trop « mélodramatique », mais pour ma part, je ne pense pas, car ce long métrage montre sous un angle les événements et le combat de ces personnes au quotidien pendant plus de dix ans. S’accompagnant de Eric Serra pour composer la bande son du film, Luc Besson fait le choix d’un remarquable talent qui nous offre pendant plus de deux heures des musiques magnifiques et touchantes au possible. On en reste sans voix et surtout admiratif, comme pour ma part, lors de la remise du prix Nobel, quand l’orchestre commence à interpréter Canon, de Pachelbel, et que ce dernier est repris au piano par Michelle Yeoh… Je ne pouvais qu’être pris dans ce flot d’émotion qui ressort, et me laisser entrainer dans cette merveille.
A côté de ça, il est important de regarder le combat mené par toutes les personnes ayant contribuées au tournage du film. Les images de la Birmanie ont toutes été tournées en caméra cachée pour permettre de les incruster par la suite sur fond vert dans le film. Un risque encouru pour permettre à un combat d’être mis en lumière. Comme celui de l’actrice principale, Michelle Yeoh, qui depuis est interdite en Birmanie pour des raisons « obscures » de la part du « gouvernement » en place. C’est depuis la Thaïlande que la majeure partie des scènes a été tournée dans le plus grand secret en faisant croire que le film se nommait « Dans la Lumière ». C’est plus de trois ans de travail qui ont permis au long métrage de voir le jour.
The Lady est une histoire d’amour et d’espoir signée par Luc Besson. Il retrace le parcours de Aung San Suu Kyi, une femme d’exception au caractère de fer, dissidente birmane qui deviendra en 1991 le Prix Nobel de la Paix. On reste admiratif et ému par ce film qui nous plonge en partie dans l’horreur de la junte militaire et du plus mauvais qui peut ressortir chez certains individus, mais qui nous montre le combat d’une femme qui a tout sacrifié pour son pays et le peuple qui a foi en elle. Un film que je ne peux que vous conseiller d’aller voir pour s’ouvrir au Monde et à l’Histoire. Pour les plus sensibles, préparez vos mouchoirs !