Assez mauvais film de Luc Besson, en mode adaptation historique, certes atypique, d'Auung San Suu Kyi, appelée par ce qu'on pourrait appeler le destin à prendre la tête du gouvernement birman. Tout le monde connaît l'histoire tragique de The lady, opposante politique à la junte militaire au nom de la liberté et de la démocratie, et surtout, c'est quand même assez rare pour être souligné, démocratiquement élue chef du gouvernement, si la junte en question n'imposait séquestrement de la dame et répression de ses partisans. Que peut-on légitimement espérer d'une telle histoire, d'une telle intrigue ? Sans aucun doute, un chef-d'oeuvre. Que Besson nous propose-t-il véritablement ? De la soupe au riz. Et je ne parle même pas du fait que le film avait initialement en vue la libération de la "Lady", libération actée avant la sortie du film... Le seul mérite du film, c'est peut-être d'exister, c'est-à-dire de parler de l'affaire en question (pour être gentil, on peut dire aussi que le film s'inscrit dans la finalité du slogan d'Auung San Suu Kyi : "usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre"). Quant à la réflexion sur la résistance au sens large, on repassera.
Sur le plan politique, on n'apprend rien, c'est dit. The lady offre quand même quelques informations, pas inintéressantes mais toutefois bien fades par rapport à la valeur politique de l'affaire. Besson traite le sujet dans une veine intimiste, privée, focalisant sur la famille d'Auung San Suu Kyi : on apprend qu'elle vit à New York avec un professeur, deux beaux enfants qui l'aiment, super. Bref, non seulement on nous vend du réalisme, mais en plus on nous tire la larme avec du biographisme. Les fistons sont tristes pour la mère, et la mère pour les fistons. Pas inintéressant donc, mais de là à en faire un film... Le fond de The lady n'est pas laid, mais niais, et surtout stérile.
Par rapport à ce versant réaliste, Besson n'hésite pas à enjoliver le tout avec de belles images de Birmanie, du levant ou couchant, du rose au pourpre, sur un air de piano. Il y a encore quelques passages de fiction où l'amateur d'hémoglobine ne sera pas foncièrement déçu. L'erreur de Besson n'est que d'adresse, en fait : les cartes postales, c'est sur Christoblog. Bref, mis à part le drame familial et la famille en drame, The lady est pauvre, The lady est faible, The lady est bête. Un point mérite d'être sauvé : la jeu exceptionnel de David Thewlis, qui parvient à se dédoubler parfaitement en jumeaux. Non je déconne, c'est risible. Plus sérieusement, Michelle Yeoh est non seulement belle, mais aussi bluffante et touchante de sincérité. L'unique fleur étincelant ce massacre... Pour Yeoh donc, 8/20.
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