La magnifique Aung San Suu Kyi eût mérité un iconographe mieux inspiré que Luc Besson.... qui, depuis le Grand Bleu qu'on avait bien aimé, il faut l'avouer, n'a plus réalisé (ou produit) que de tristes daubes. C'est Aung San Suu Kyi façon Gala. Tout est axé sur sa belle histoire d'hamûre. Ah, l'hamûre, l'hamûre, toujours l'hamûre! D'ailleurs, lorsqu'on voit la famille Aris, avant qu'elle ne quitte l'Angleterre, y a un petit chien blanc, un espèce de bichon maltais, signe qui ne trompe pas: il caractérise le film pour faire pleurer les mèmères... Il est triste, le toutou, quand gentille maîtresse s'en va. Yap, yap!
Le mur du çon est franchi lorsque la famille Aris, père et fils, part à Stockholm recevoir le prix Nobel de la Paix à la place de l'héroïne. A Rangoon, Suu et sa (fidèle, évidemment) gouvernante veulent bien entendu écouter la cérémonie à la radio. Zut! l'electricité est coupée. On va chercher un transistor. Zut! y a plus de piles. (Ça veut devenir chef d'état, et ça pense même pas à remplacer les piles...) On va chercher un autre transistor. Suspense. Ouf, ça marche. L'orchestre de Stockholm déroule une musique bien poisseuse, genre Canon de Pachelbel. Suu se met au piano et, tout en pleurant abondamment, accompagne l'orchestre... Tout est à l'avenant. Les généraux birmans? Hou! I sont méchants, si si, méchants-méchants. Y en a même un qui prend ses décisions en consultant une tireuse de carte, c'est dire! La situation économique du pays, l'environnement géopolitique? Ignorés. ... Quant à la personnalité véritable de cette femme hors norme, on n'en saura pas plus. Ce qui intéresse Besson, c'est que couple était amoureux, que Aris poussa toujours son épouse à résister, et que la décision de ne pas aller le rejoindre lorsqu'il était mourant fût prise de commun accord. C'est peut être vrai. Mais raconter une histoire pareille par le trou de la serrure de la salle de bain, c'est bien triste....
C'est d'autant plus triste que les deux acteurs sont exceptionnels. David Twelis, qui joue Michael Aris, plus englishe que lui tu meurs, est formidable. Quant à Michèle Yeoh, elle s'est coulée dans la peau d'Aung San Suu Kyi d'une façon hallucinante, reproduisant ses expressions, ses demi-sourires, ses ports de main, de tête, sa grâce timide, d'une façon qu'on n'aurait jamais attendue de la part de la solide actrice de Tigre et dragons et moultes autres productions d'arts martiaux hongkongais....
C'est un coup pour rien: dommage. Bon, le film reste agréable. Ça, il ne manque pas une fleur d'orchidée dans le chignon de Suu! En général, elle transporte même toute une vitrine de Monceau-fleurs. Ses sarongs sont ravissants, tout comme sa maison au bord d'un lac. Disons que pour les gens qui ne s'intéressent pas à l'histoire contemporaine, c'est mieux que rien: il leur restera un petit verni. Pour les autres.....