Voilà un film qui n’a que des mauvaises critiques, et à la vérité c’est justifié. On sent le potentiel, mais le résultat à l’écran est insuffisant.
Le casting d’abord n’est pas des plus enthousiasmants. On a quatre jeunes, aux personnages sans grandes saveurs que le scénario essaye d’épaissir avec un laborieux carrefour amoureux qui ne va pas enchanter le public généralement attiré vers ce type de production. Sans charisme, les interprètes nous offrent des prestations de téléfilms passables mais sans plus, qui ne parviennent guère à exprimer l’inquiétude, l’angoisse, la colère ou toute autre chose d’ailleurs. Il n’y a qu’à voir juste après l’accident ! De fait comme le film se repose essentiellement sur eux pour exister, c’est assez problématique. Je ne dis pas qu’ils n’auraient pas assuré honnêtement dans un slasher par exemple, mais là il fallait un casting massif puisqu’ils sont vraiment au centre de l’histoire.
Le scénario est de son coté laborieux. Il commence pas mal, et on imagine une sorte de Joy Ride. En fait le film va prendre une toute autre orientation, sorte de mélange improbable entre The Bunny Game et Sang plomb dans une ambiance désertique. Pourquoi pas après tout. Mais pendant 1 heure 30 on tourne en rond autour de ce camion ! Les réactions des personnages relève totalement du n’importe quoi, on est continuellement dans le mystère. Je veux bien, mais sans un minimum d’explication il est délicat d’être pris par la narration. La fin est tout à fait attendue. Le rythme est lent. Les dialogues sont creux. Bref, Road Train se veut audacieux et cherche peut-être à surprendre justement ceux qui pensaient voir un Joy Ride like. Le souci c’est que la recette est nettement moins efficace, nettement moins prenante, et qu’en plus Road Train rate son orientation sanglante.
Visuellement justement Francis n’a pas fait beaucoup d’effort. La mise en scène est laborieuse. Notamment les meurtres, fort mauvais. Les décors, pourtant prometteurs sont très mal exploités, le film parvenant tout juste à instaurer une ambiance étrange voir onirique. Parfois ca parvient faiblement à s’installer, mais Road Train ne tient pas sur la distance en la matière. La photographie heureusement est propre et raffinée, mais ca ne fait pas tout. De surcroit on sent clairement que Road Train se veut, surtout dans sa seconde partie, l’expression d’un glissement sanglant. Peine perdue, c’est là complètement foireux. Francis n’a peut-être pas eu beaucoup de moyens, mais malgré une volonté choc bien perceptible c’est tellement subliminal par moment que tout impact est à oublier. Reste une bande son planante et sobre efficace, qui aide justement à instaurer une atmosphère singulière, que Road Train aurait vraiment du soignée.
En effet ce film a du potentiel, on le sent, mais on ne sait pas ce que le réalisateur a voulu faire. C’est rageant car l’idée de départ est tout à fait honorable, et puis après c’est le scénario autour de ce camion qui vire davantage à la farce grotesque qu’au film d’horreur mêlant suspens et violence. Je crois que Francis aurait du vraiment faire du camion le héros de son film, et les choses se seraient beaucoup mieux passé. J’ai envie d’encourager l’initiative, j’ai accordé avec beaucoup de gentillesse un 2 à Ne jouez pas avec les martiens. J’accorde un 2 à ce film, qui pose quand même de bons trucs et n’est pas non plus infect techniquement.