Bon, vous allez dire que je radote. Vous allez dire que je suis maso de persister à aller voir ce type de film. Vous allez peut-être même vous dire que je ne vais voir ces films que pour le plaisir de venir cracher dessus par la suite. Franchement, nullement. Je vais souvent voir les films sans rien n’en connaître, "Tyrannosaur" en fait partie. Mais je dois bien avouer qu'au bout d'un quart d’heure j'ai vite compris à quel type de film j'allais avoir à faire : un énième film à mi-chemin entre Ken Loach et les lauréats de Sundance. Est-ce le misérabilisme qui me dérange dans ce type de film ? A dire vrai non, je dois même reconnaître que l'introduction de ce "Tyrannosaur" m'avait au début bien séduit. Ce personnage écorché vif qu'incarne Peter Mullan a vraiment de la gueule et m'a vite interpellé. Est-ce le minimalisme de la forme ? Même pas, car au fond ce "Tyrannosaur" est – je trouve – très bien filmé, sobre comme il faut, et riche parfois de très belles idées. Alors qu'est-ce qui cloche me direz-vous ?... Finalement c'est encore et toujours la même chose – et c'est ce qui me désole le plus dans ce cinéma « Sundance » – c'est ce manque flagrant de densité dans l'histoire. C'eeest mou ! ...Et c'est mou parce qu'il n'y a pas grand-chose à dire en fin de compte. Si on prend la situation initiale, la situation finale et les péripéties survenues entre deux, on se rendra compte que pas grand-chose n'a bougé durant tout le film. Après, certains diront que ce qui bouge dans le film, c'est le regard que l'on porte sur son personnage principal. C'est vrai : du vieux bourru on bascule progressivement vers une image plus nuancée. Mais encore une fois, il faut attendre. Toutes les scènes dans le magasin de Hannah, toutes les scènes avec son mari ingrat, sont en fait pour chacune d'entres elles une répétition de la précédente, sans forcément apporter bien plus dans le fond. Certes, au final, les choses finissent enfin par se dire plus clairement et plus crûment, mais personnellement je ne vois pas en quoi le fait avoir poiroté plus d'une heure en passant par je ne sais pas combien de phases intermédiaires m'a rendu le message plus clair ou la sensation plus forte. Au lieu de ça, il aurait tellement été plus fort d'aller au-delà, que la fin de ce film ne soit que la situation perturbatrice par laquelle le film ouvre. Je ne comprends pas cette mode, ou cette faiblesse des réalisateurs, qui consiste à ne se contenter que d'une base pour faire un tout. En plus, le hasard a voulu que je découvre ce film le lendemain du jour où j'ai découvert "Animal Kingdom", un film qui – bien qu'il n'ait pas grand chose à voir – a lui au moins le mérite d'enchaîner les péripéties pour faire évoluer son univers et ses personnages. Si "Animal Kingdom" avait suivi la même démarche que ce "Tyrannosaur", le film n'aurait duré que vingt minutes montre en main car il ne se serait sûrement arrêté qu'au simple constat. Quand des films comme "Tyrannosaur" sont si beaux mais qu'ils ont si peu à dire, je me demande toujours pourquoi ils durent 1h30 ou 2h, puisqu'au final, en vingt minutes tout peut être dit, l'ennui en moins. D'ailleurs, c'est bien là le plus grand mérite que je trouverais à ce film par rapport à toute cette mode du cinéma Sundance, c'est qu'au moins "Tyrannosaur" a su faire court, 1h25. C'est là certainement la raison qui fait qu'au final j'ai pu tenir jusqu'au bout et en ai tirer quelque chose de positif. C'est déjà pas mal me diriez-vous... Oui, mais c'est aussi si peu...