Arthrose, perte d'acuité visuelle, douleurs musculaires, voici quelques stigmates des premiers signes de vieillissement pour les post-quadragénaires. A cela s'ajoute le décalage grandissant entre les jeunes générations (qui s'adonnent pour le coup à une sorte de fétichisme des vieilleries) et les plus âgées, certaines qu'un tournant de la vie est passé et qu'on ne peut plus revenir en arrière. C'est exactement ce qui arrive au couple Srebnick qui rencontre un jeune couple, Jamie et Darby, résolument dandys (hipster pour Jamie, on est heureux de l'apprendre), cools évidemment, mais surtout ambitieux. Ils font connaissance lors d'une conférence que Josh donne en qualité de documentaire, en manque d'ambition certaine, malgré un certain talent. Au-delà de la confrontation des âges, le film "While we're Young" est une histoire sur une formidable imposture, celle d'un jeune cinéaste, inconnu du bataillon, sans réseau, prêt à tout, et on le comprend, pour faire vivre sa passion. En dépit du genre annoncé, on ne rigole pas franchement pendant la séance. Il y a peut-être quelque chose de trop américain, de trop suranné qui empêche le rire véritable. Le film ne résiste pas à un excès de caricature, sans doute par volonté d'autodérision de la part du réalisateur, où le jeune, strictement jeune, et le vieux, strictement vieux, s'enferment dans des poncifs réducteurs, conférant aux personnages une sorte de ridicule théâtral. La fin, qu'on ne dévoilera pas, ou plutôt l'épilogue, sauve franchement le film. On découvre en effet que derrière la caricature, Noah Baumbach fait preuve d'une forme glaçante de cynisme. Cette touche est la marque même de fabrique du réalisateur, repérable dans les très bons "Broadway Therapy" ou "Frances Ha" ou encore le fabuleux "Fantastic Mr Fox" qui flirtent en permanence entre le théâtre de la comédie humaine et la recherche d'une certaine esthétique cinématographique. On ne peut pas nier le talent du réalisateur, son art de la moquerie sociale mais au bout du compte, on reste un peu sur sa fin.