La "Dépression" est partout, en ce début de 21e siécle. La voilà vue côté Canada français, dans une bourgade rurale de la région de Québec, sombrant dans la misère sociale - la seule PME locale de quelque importance, une usine de pâte à papier étant condamnée à la fermeture. Marcel Lévesque, 67 ans, dont la modeste maison est au plus près de la concession auto dont il est le "meilleur vendeur" depuis des lunes (voire des lustres...), ne vit que pour son travail (alors qu'il a l'âge d'être à la retraite). Veuf depuis longtemps, il n'a que sa fille Maryse, qui est coiffeuse, et Antoine, le fils de celle-ci, mère célibataire, un garçonnet d'une dizaine d'années, en fait de famille. Le long hiver, qui fait l'essentiel du film, verra la vie routinière, calme, sereine, du "héros", bouleversée par un drame intime. Sébastien Pilote passe avec sobriété du panorama général d'une communauté fragilisée par la crise, mais où "Le Vendeur" a su garder une auréole personnelle protectrice, due à ses qualités professionnelles (même si la conserver oblige à faire comme si tout était comme "avant" - au temps de la prospérité et du plein emploi... contre toute prudence et tout réalisme), à la peinture de Marcel confronté à
la pire douleur possible (avoir perdu fille et petit-fils).
La couleur dominante de ce 1er "long" n'est pas franchement "azur" (comme le bleu annoncé du nuancier des voitures du garage), mais va plutôt du blanc de la neige omniprésente au gris, voire au noir. C'est mélancolique, triste bientôt, très triste. Mais la "morale" toute simple permet de mettre le tableau en perspective....