Petit dîner en famille et entre amis qui vire au jeu de massacre, ce « Prénom » est présenté comme une joyeuse et féroce comédie. S’il égratigne les travers de certains de nos contemporains (les bobos, les arrivistes, etc.), le film peine à convaincre. Comment croire une seule seconde que ce repas dégénère de la sorte après un canular aussi improbable que puéril ?
Partant de ce postulat, il est compliqué d’adhérer tout à fait à ce film qui n’a rien d’un film, mais tout d’une pièce de théâtre. Au-delà de l’incapacité des réalisateurs à proposer une adaptation cinématographique (l’introduction maladroite et les flash-backs ne font pas illusion une seule seconde), le souci n’est pas que formel. Du théâtre filmé, on en a déjà vu (« Le Dîner de con » au hasard) et cela peut très bien fonctionner. Ce qui fonctionne moins ici, c’est la sauvegarde du ton théâtral. A chacun sa réplique, à chacun sa tirade, à chacun son bon mot. Les dialogues, aussi brillants soient-ils par moments, paraissent ainsi à côté de la plaque et totalement artificiels, ainsi qu’on les trouve au théâtre, mais pas au cinéma. Le langage du cinéma n’étant pas celui du théâtre, tout est trop écrit, trop fin, trop subtil, trop référencé, trop intellect pour qu’on puisse vraiment y croire.
Cette réserve étant posée, on pourra savourer la qualité de l’interprétation, apprécier quelques répliques piquantes, s’amuser de quelques situations, même si le propos est, au final, plus dramatique que drôle. Comme dans de nombreuses adaptations théâtrales (et « Le Père-Noël est une ordure » n’y échappe pas), la chute finale est compliquée. Elle est particulièrement peu convaincante ici.